Toxicomanie féminine : du traumatisme sexuel à l’amour de transfert

Le Journal des psychologues n°242

Dossier : journal des psychologues n°242

Extrait du dossier : La pluridisciplinarité : le psychologue et les autres
Date de parution : Novembre 2006
Rubrique dans le JDP : Université > Recherche
Nombre de mots : 2940

Auteur(s) : Thomas Olivier

Présentation

Le travail d’Olivier Thomas est paradigmatique de ce que les recherches en psychopathologie clinique et psychanalyse peuvent exiger. C’est pourquoi le travail qu’il présente ici, issu de sa thèse sous la direction de Roland Gori, a été honoré par le premier prix de thèse du Siueerpp. Il sera publié courant novembre 2006 aux éditions Érès. Fin praticien il tente, ici comme dans sa pratique quotidienne ou universitaire, de transmettre toute la richesse d’une pratique, confrontée à la souffrance indicible des toxicomanes, mais qui enracinée profondément dans la clinique psychanalytique ouvre à une parole de reconstruction possible.

Serge Lesourd, Président du jury du Prix de thèse du SIUEERPP
(Séminaire inter-universitaire européen d’enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse)

Détail de l'article

Notre réflexion s’étaye sur une pratique de dix-huit ans comme psychologue clinicien auprès d’une population de toxicomanes dans un Centre spécialisé de soins en toxicomanie (CSST). Ce qui au départ était un parcours de praticien est devenu une recherche. L’évolution de notre pratique a suivi l’évolution de la population toxicomane, mais aussi celle des politiques publiques en matière de soins aux toxicomanes, et en particulier l’autorisation de mise sur le marché des traitements de substitution aux opiacés. Ce sont les écueils liés à la pratique psychothérapeutique auprès des toxicomanes qui nous ont conduits à cette recherche, selon une double approche questionnée de la façon suivante :

◆ Qu’en est-il de la toxicomanie au féminin et de sa logique passionnelle dans son rapport au traumatisme ?
◆ Qu’est-ce que la cure psychothérapeutique des femmes toxicomanes peut nous dévoiler de leur spécificité ? Que peut-elle peut nous dévoiler aussi des ressorts et des modalités mêmes de la cure sous le versant de la mise en acte de la passion de la relation analytique ?

 

Une démarche de recherche psychanalytique

« Toxicomanie féminine : du traumatisme sexuel à l’amour de transfert ». Tel est le titre de notre recherche. Nous aurions également pu la nommer « De l’événement à la trace » pour reprendre le titre d’un article de R. Gori (1996). Ainsi, nous avons voulu inscrire notre travail dans une démarche psychanalytique, et reparcourir l’itinéraire freudien. C’est-à-dire nous dégager d’une forme, d’une phénoménologie, voire d’une psychopathologie de la conduite toxicomaniaque chez les femmes, pour en restituer, en dévoiler, les ressorts dans la mise en scène et en acte de la parole déterminée par les conditions particulières de l’interlocution et provoquée par le dispositif de la cure psychothérapeutique d’inspiration psychanalytique.
Suivons cette démarche :
La toxicomanie, conduite énigmatique, est traitée dans une pluralité de discours qui tentent de la cerner, discours sociologique, psychologique, neurobiologique, juridique, psychanalytique. La tentation est souvent grande pour les auteurs d’opérer une unification de ces différents discours. Pour autant, ces discours ne sont pas juxtaposables. Chaque discours a sa cohérence, sa vérité. En conséquence, les tentatives de synthèse sur la toxicomanie relèvent d’une confusion épistémologique fréquente.
Le clinicien est bien embarrassé quand, traversé par ces différents discours, il se met en position d’écouter quelqu’un se présentant comme toxicomane. Ces discours agissent le plus souvent comme une résistance à une écoute analytique. La confusion règne aussi dans les différentes théories psychanalytiques qui tentent de définir cette conduite.
Deux tendances se dessinent :
◆ Une tendance structuraliste qui veut définir une structure de personnalité du toxicomane  (Bergeret, 1988) ou le rattacher à une structure existante comme la perversion (Freda, 1990).
◆ Une tendance négationniste qui affirme que le toxicomane n’existe pas puisqu’il n’appartient à aucune catégorie psychiquement isolable (Zafiropoulos, 1988).
Ces théories ont pour ambition de comprendre la conduite toxicomaniaque et d’en proposer un modèle métapsychologique, cependant elles s’inspirent peu d’un travail psychothérapeutique ou psychanalytique, au cas par cas. Ce constat est à mettre en relation avec la difficulté de rencontrer ces patients dans le cadre d’une clinique psychanalytique sous transfert.
Dans notre cheminement, nous avons abandonné progressivement ces références théoriques qui ne nous semblent pas opératoires dans la pratique et nous nous sommes intéressés à la fonction de la prise de drogue suivant, là, la direction donnée par Freud lui-même.

 

La toxicomanie féminine comme frappée d’oubli

A contrario des nombreux écrits sur la toxicomanie, nous avons été frappés par l’absence d’écrits contemporains sur la femme toxicomane, comme si la toxicomanie ne pouvait se penser qu’au masculin, ou de manière unisexe, voire hors sexe. Les quelques écrits trouvés sont psychosociologiques, le plus souvent anglo-saxons. Ils insistent sur la représentation négative de la toxicomanie féminine dans le corps social et la présentent comme une pratique qui contribue à prolonger l’état d’oppression dans lequel se trouvent les femmes.
Cet oubli de la femme toxicomane ne peut s’expliquer uniquement par sa faible représentativité (ou sa sous-évaluation) dans les files actives des centres de soins. Précisément parce qu’elles ne sont pas absentes des prises en charge psychothérapeutiques. Et aussi parce qu’elles ont été le sujet de nombreux écrits littéraires ou scientifiques à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.
Ce qui caractérise ces écrits, c’est que la femme toxicomane est présentée comme une femme passionnée, femme fatale et décadente, se soumettant jusqu’à la caricature à une figure mythique de l’éternel féminin (« la Morphinée », Bachman, Coppel, 1989) ou une femme émancipatrice, revendiquant le droit au plaisir (Marguerite V., 1917).
Cette dimension du lien toxicomanie-sexualité chez les femmes, présente dans les écrits scientifiques et littéraires de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, est proprement tombée dans l’oubli, comme refoulée dans les écrits plus contemporains. Cette absence quasi totale de référence sexuelle et sexuée de ces conduites est en contradiction avec ce que la clinique nous dévoile d’une toxicomanie féminine qui s’accompagne de conduites sexuelles déviantes ou problématiques : prostitution, grossesses non désirées et répétées, relations de couple où la drogue est l’élément indispensable de la rencontre sexuelle.
La clinique nous dévoile aussi la nature du lien passionnel qui unit la femme toxicomane à son toxique, tel que le définit Piera Aulagnier : « Le lien passionnel entre un objet et un sujet, nous dit-elle, c’est quand cet objet nous paraît devenir pour un autre l’indispensable, l’exigence vitale, ce qui ne peut manquer, quel que soit l’objet, peu importe alors il ne se définit que par ce “ne pouvoir manquer” sans faire de l’autre le manquant par excellence allant jusqu’à cet absolu du manque à être qu’on atteint par la mort. »
Il est fréquent de rencontrer des patientes pour qui le manque de drogue, voire l’idée même du manque à venir, est insupportable parce qu’il semble mettre en danger leur existence même, leurs intégrités corporelle et psychique.
Cette désexualisation de la femme toxicomane dans les écrits est en contradiction aussi avec le sort réservé à l’image corporelle de ces femmes et à leur corps propre.
Pour ce qui est de l’image du corps, deux tendances se dégagent :
◆ l’androgynie, la négation du corps féminin et de ses attributs,
◆ ou au contraire une exacerbation des attributs féminins : maquillage outré, port de vêtements très courts, comme parodiant la féminité.
Le corps même est malmené : les attaques contre ce corps sont fréquentes, souvent effectuées dans des passages à l’acte anxio-dépressifs (ainsi une jeune femme de dix-huit ans rencontrée à la consultation qui se mutile régulièrement. Elle s’était infligé à l’aide d’un rasoir vingt-six coupures sur son avant-bras dans une tentative de court-circuiter une souffrance psychique en la transformant en douleur physique et en marques sur le corps).
Ces phénomènes touchent à l’image sexuelle et à l’intégrité du corps propre, introduisant à cette dimension spécifique de la toxicomanie féminine qui s’accompagne toujours de troubles de l’identification psycho-sexuelle et de troubles de l’investissement du corps féminin.
Au-delà des phénomènes et des conduites, ce que nous avons pu constater dans la rencontre avec ces femmes dans leur récit, c’est la fréquence des traumatismes sexuels subis dans l’enfance ou dans l’adolescence ; violences sexuelles le plus souvent provoquées par des proches, père, beau-père, ami...

 

La dimension traumatique de la toxicomanie féminine

Sur le silence dans lequel est tenue la toxicomanie féminine, nous pouvons y voir un effet de l’indifférenciation sexuelle de la société. Nous pouvons y voir surtout un effet contre-transférentiel face à l’effroi provoqué par la fréquence de traumatismes sexuels (viol, inceste, prostitution) subis par les femmes toxicomanes et évoqués souvent dès les premières rencontres.
Nous avons été sensibles au caractère traumatique des histoires de ces femmes, au point d’y cerner une cause probable, possible de leur intoxication. Dans la rencontre clinique, nous avons buté sur cette question du traumatisme. Et nous avons dû nous détacher d’une conception événementielle et étiologique du traumatisme, comme l’avait fait Freud en son temps, pour aborder le traumatisme sous l’angle de la réalité psychique et de son expression dans le transfert. Et réinterroger la fonction de la prise de drogues à l’aune du traumatisme.

 

Hypothèses

Notre première hypothèse est que la prise de drogue a pour fonction de venir apaiser la douleur psychique provoquée par le traumatisme.
La deuxième hypothèse est que la prise de drogue a pour fonction de se soustraire au souvenir du traumatisme.

 

Traumatisme et psychanalyse
Tout au long de l’œuvre de Freud, la question du traumatisme est présente. À chaque nouvelle conception, il tente de l’intégrer dans un ensemble théorique afin de la rendre plus intelligible et cohérente. Il passe d’une conception traumatique de l’étiologie des névroses à l’abandon de cette théorie avec la découverte de la réalité psychique et du fantasme, puis à un intérêt nouveau pour les phénomènes traumatiques à propos de la névrose de guerre et des rêves traumatiques, qui le conduit à penser les réactions thérapeutiques négatives, le masochisme et la répétition dans son rapport à la pulsion de mort.
La notion de traumatisme reste quand même floue ou en tout cas multiple dès qu’on la réintroduit dans une dimension clinique. D’où la nécessité de reposer la question, « Qu’est-ce qui constitue un traumatisme du point de vue de la psychanalyse ? »
Pour Conrad Stein, le traumatisme qui intéresse la psychanalyse est un traumatisme psychique dont « la réalité de l’événement faisant figure de données anamnestiques n’a pu être prouvé. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que cet événement soit vraisemblable » (Stein C., 1992, p. 1131). Ce qui lui donne sa réalité, c’est son repérage dans les événements et dires qui surgissent dans le champ du transfert.

 

Traumatisme et psychothérapie
Dans l’évocation des scènes traumatiques par les femmes toxicomanes, le moment et les modalités de ces évocations ne sont pas identiques, selon qu’ils s’intègrent ou pas dans des mouvements transférentiels. Quand le traumatisme est su, et évoqué d’emblée dès les premières rencontres, il agit comme une résistance au transfert, résistance à toute élaboration. Il se présente sous la forme de ce que Le Poulichet appelle « des formations de dépôt » (Le Poulichet S., 1987) qui donnent à la parole la dimension d’un agir. Pour autant, quand il s’intègre dans des mouvements transférentiels, la partie n’est pas gagnée, et c’est le transfert qui fait résistance, et empêche la remémoration. Comment sortir de ce dilemme ?
Conrad Stein nous rappelle que le processus de la découverte du traumatisme est psychique, qu’il se soit réellement produit ou qu’il soit pure construction et que ce processus consiste essentiellement à établir des liens moyennant quoi il est possible, suivant l’expression de Freud dans Remémorer, répéter et élaborer , « de se souvenir de quelque chose qui n’a jamais pu être oublié parce que cela n’a été remarqué à aucun moment » (Stein C., op. cit, p. 1132).
Houballah (1998) nous propose lui de faire une distinction entre deux formes de traumatismes en clinique qui se déduisent du destin du facteur traumatogène.
◆ Le traumatisme amnésique : s’il devient amnésique, il signifie qu’après coup s’est produit un refoulement. Le symptôme ne fait que témoigner d’un retour du refoulé.
◆ Le traumatisme hypermnésique : dans ce cas, le facteur traumatogène demeure présent dans la conscience, ne cessant de se répéter, le sujet n’arrive pas à l’oublier, et là c’est l’événement traumatique qui est le symptôme lui-même.
Dans ces deux formes de traumatismes, le travail psychothérapeutique n’est pas identique. Dans le cas du traumatisme amnésique, le travail consiste à lever l’amnésie et, dans le cas du traumatisme hypermnésique, le travail va consister à faire oublier l’événement.
Ce que Gori énonce également « Si l’hystérique souffre de réminiscence, le traumatisé souffre quels que soient ces symptômes de se souvenir. La clinique du traumatisme clinique de l’actuel et du réel opère par une saisie-arrêt sur l’image du souvenir, ce qui empêche d’avoir à se le rappeler. Les cauchemars des névrosés traumatiques tant qu’ils répètent inlassablement les scènes initiales du traumatisme sans les modifier, sans les traduire, sont du côté de l’éveil et non du rêve […]. Les souvenirs ne sont pas alors travaillés par la mémoire, ils demeurent disjoints, clivés du travail de la mémoire, il est nécessaire qu’ils soient un temps incubés, oubliés avant de resurgir transformés, remaniés » (Gori R., 2002, p. 168).
Ce travail d’incubation, c’est sûrement ce que la prise de drogue empêche.
Dans les situations cliniques rencontrées avec les femmes toxicomanes, nous nous situons à la lisière de ces deux formes de traumatismes, de ce qui est à oublier et de ce qui est à retrouver, nous nous situons dans un entre-deux.
Pour sortir de cette impasse, nous devons à l’instar de ce que nous avons fait pour la prise de drogue nous questionner sur la fonction du traumatisme dans l’économie psychique de ces jeunes femmes, sans dénier pour autant la réalité dramatique de ces événements.
Ces scènes traumatiques agissent comme des souvenirs-écrans qui ne se rapportent pas « à des choses indifférentes et secondaires » (Freud S., 1901), au contraire, mais qui conservent leur fonction de voile, de moment d’interruption de l’histoire, « un moment où elle se fige et, où, du même coup, elle indique la poursuite de son mouvement au-delà du voile » (Lacan J., 1994).
Que voile et révèle à la fois la scène traumatique quand elle s’énonce dans la relation psychothérapeutique ?
Notre hypothèse est que, ce qui se voile et se révèle, c’est la passion, la passion dans tous ses états, passion de la drogue, passion amoureuse, passion de transfert...

 

La logique passionnelle de la toxicomanie féminine

Le script passionnel s’impose, dit Gori (2002), quand les patients n’ont pu s’acquitter de leur dette de mémoire par les traits du rêve, du transfert ou de symptôme névrotique.
La logique passionnelle de la toxicomanie féminine se révèle dans le travail psychothérapeutique sous le couvert du traumatisme, et dans ses manifestations transférentielles, amour ou haine de transfert.
Retrouver la dimension passionnelle dans la toxicomanie féminine dans son expression dans le transfert, c’est de nouveau emprunter le chemin indiqué par Freud, en réinterrogant l’amour ou la haine de transfert. C’est redonner à la passion amoureuse valeur de symptôme et montrer en quoi le processus de la cure psychothérapeutique peut nous éclairer sur le fonctionnement des femmes toxicomanes. Et en quoi l’expression même de ce fonctionnement peut nous enseigner sur la dynamique de la cure et de son traitement ? Non pas uniquement sur le versant du déchiffrage des formations de l’inconscient, mais surtout sur le versant de la mise en acte de la passion de la relation analytique.
Nous avons opéré dans notre travail de recherche un double dévoilement. Le premier a consisté à nous détacher de l’événement traumatique pour en retrouver la trace, le souvenir dans le discours et dans les mouvements transférentiels. Cette opération ne va pas de soi quand précisément, selon notre hypothèse, la fonction de la drogue est de surseoir à l’évocation du souvenir, de surseoir au refoulement et à ce travail d’incubation qui consiste à mettre le passé au passé, travail nécessaire aux effets d’après coup.
Le deuxième dévoilement que nous avons opéré a consisté à démontrer que la passion de la drogue comme objet n’est finalement qu’une passion artificielle au sens de l’artifice, c’est-à-dire ce qui éblouit et cache à la fois, qu’elle recouvre une passion plus primordiale, ontologique, une passion de l’être qui peut se manifester dans la rencontre psychothérapeutique soit par défaut (absence de transfert) soit par excès (amour et haine de transfert). Cette passion quand elle se manifeste sous les auspices de l’amour et de la haine de transfert peut prendre la forme d’une construction au sens freudien du terme et avoir une fonction de suppléance, une fonction prothétique, fonction que Lacan attribue aux sinthomes « ces symptômes particuliers et particulièrement indispensables au maintien de la structure du sujet ». Cette fonction de suppléance nous a été révélée plus spécifiquement dans la cure d’une patiente qui a développé une passion de transfert et nous a introduits dans cette dimension spécifique de la toxicomanie féminine : Elle concerne des femmes qui souffrent d’un défaut de reconnaissance radicale et un défaut de travail de deuil (Hassoun J., 1993). Ces défauts vont se compenser par la création « d’une fiction d’enfant » (Ibidem), et l’élévation, la constitution d’un objet passionnel au rang d’objet cause de tout.
Ce travail de deuil qui porte sur l’objet et dont l’incarnation emblématique en est la mère préœdipienne peut se réaliser dans la cure, parce que l’amour de transfert n’est pas uniquement répétition, reproduction, mais il est aussi une création potentiellement porteuse de changement.

 

Conclusion

Le travail psychothérapeutique et ses écueils, avec les femmes toxicomanes, nous a conduits à interroger dans un premier temps la fonction de la prise de drogue selon deux directions : apaiser la douleur psychique provoquée par le traumatisme, surseoir à son souvenir et empêcher le travail d’incubation. Il nous a révélé dans un deuxième temps la fonction du traumatisme et sa fonction de voile de la logique passionnelle de la toxicomanie féminine et son expression dans l’amour et la haine de transfert dévoilant cette dimension spécifique de la toxicomanie féminine : ces femmes souffrent d’un défaut de reconnaissance radicale et d’un défaut de travail de deuil. Pour ces sujets en état limite, ces sujets « en panne », comme les appelle J.-J. Rassial, le travail psychothérapeutique ne doit pas se situer d’emblée du côté du déchiffrage, de l’interprétation des formations de l’inconscient, mais d’abord du côté de la construction, de la création de l’objet pour pouvoir ensuite faire ce travail de deuil. ■

 

Un ouvrage de Olivier Thomas, intitulé Toxicomanie féminine. Du traumatisme sexuel à l’amour de transfert, est à paraître le 16 novembre prochain chez Dunod, collection « Le Carnet Psy ».

 

 

Bibliographie

Aulagnier P., 1967, « La Féminité », in Le désir et la perversion, Paris, Le Seuil.
Bachman C., Coppel A., 1989, Le Dragon domestique, Paris, Albin Michel.
Bergeret J. et al., 1988, Le Psychanalyste à l’écoute du toxicomane, Paris, Dunod.
Freda F.-H., 1990, IRS in Actes des VIIIes Journées de Reims : Pour une clinique toxicomane.
Freud S., 1901, Psychopathologie de la vie quotidienne, Paris, PBP, 1975.
Gori R., 2002, Logique des passions, Paris, Denoël.
Gori R., 1996, La Preuve par la parole, Paris, PUF.
Hassoun J., 1993, Les Passions intraitables, Paris, Champs Flammarion.
Houballah A., 1998, Destin du traumatisme, Paris, Hachette Littérature.
Lacan J., 1994, Le Séminaire, Livre IV, La Relation d’objet, Paris, Le Seuil.
Le Poulichet S., 1987, Toxicomanies et psychanalyse, Paris, PUF.
Marguerite V., 1917, La Garçonne, Paris, Flammarion.
Stein C., 1992, « Vous vous approchez de nouveau, formes vacillantes », in Revue française de psychanalyse, 4.
Zafiropoulos M., 1988, Le Toxicomane n’existe pas, Paris, Analytica Navarin Éditeur.


 

Pour citer cet article

Thomas Olivier  ‘‘Toxicomanie féminine : du traumatisme sexuel à l’amour de transfert‘‘
URL de cet article : https://www.jdpsychologues.fr/article/toxicomanie-feminine-du-traumatisme-sexuel-a-l-amour-de-transfert

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