Unité et contradictions

Le Journal des psychologues n°250

Dossier : journal des psychologues n°250

Extrait du dossier : Alzheimer : inventer les soins psychiques
Date de parution : Septembre 2007
Rubrique dans le JDP : Tribune libre
Nombre de mots : 700

Auteur(s) : Hélie Marie-Ange

Présentation

Le Syndicat des psychologues en exercice libéral (SPEL), à partir des conclusions de l’article « Les psychologues dans les établissements de santé : État des lieux (1) », souhaite ouvrir le débat avec tous les psychologues, quels que soient leur mode d’exercice et leur spécialité.

Mots Clés

Détail de l'article

Oui, le risque est grand d’une mort prématurée des pratiques psychologiques cliniques au profit de neurosciences et des thérapies comportementales ;
Oui, un sursaut de nous tous peut faire front à ce technicisme ;
Non, on ne peut laisser dire que « le combat mené par le seul syndicat des psychologues paraît dérisoire […] Pour les psychologues cliniciens encore majoritaires dans la profession ».
Par ailleurs, il existe plus d’un syndicat représentant les psychologues, menant également « le combat ».
Enfin, les psychologues libéraux, dont le nombre s’accroît rapidement par manque ou disparitions d’emplois institutionnels, regroupent de nombreuses disciplines.
Le SPEL (Syndicat des psychologues en exercice libéral) les représente et s’est engagé totalement dans une longue et coûteuse procédure de construction d’un ordre des psychologues, et il n’est heureusement pas le seul. Nous ne considérons donc pas que ce soit un vain travail. Certes, les psychologues cliniciens sont majoritaires dans notre profession. Mais ils crient enfin « au feu », alors que leurs confrères psychologues du travail voient leur métier littéralement pillé depuis longtemps : en trente ans, le psychologue du travail a disparu des grandes entreprises privées et publiques. En exercice libéral, il est étouffé par la montée en force des « consultants » en ressources humaines.
Les professeurs en psychologie universitaires, à force d’enseigner leur discipline aux écoles d’ingénieurs et écoles supérieures de commerce, au CNAM (où les salariés viennent s’approvisionner en denrées psychologiques), aux juristes, ont appauvri le psychologue diplômé. Il y a trente ans, l’ancien « chef du personnel » pouvait être promu à ce poste, après des débuts de psychologue ; le DRH contemporain est juriste, sup’ de co ou ingénieur, avec un vernis de connaissances psychologiques, mais il n’est plus psychologue.
Seul un ordre de la profession pourra protéger nos savoir-faire.
La protection du titre, de vingt ans d’âge, ne suffit plus. Qu’importe d’avoir le titre, pourvu qu’on ait l’ivresse du « coaching », du recrutement et de la « chasse de têtes », avec des méthodologies psychologiques que tout le monde peut se procurer.
La recherche d’un ordre serait un aveu de faiblesse pour un psychologue clinicien ? Soit.
Mais, dans le monde du travail, où le cabinet de consultant le plus farfelu peut se parer d’une coûteuse certification qualité « ISO quelque chose » pour séduire sa clientèle, il serait délirant que le psychologue clinicien pût assurer le salut professionnel de tous en rendant chacun adulte, psychologues et consommateurs compris.
Un ordre est le seul moyen de dépasser la certification qualité du psychologue, de protéger la formation universitaire, sans oublier le public qui doit faire face à la cacophonie « psy » ambiante.
Sans un ordre des psychologues, on peut aboyer, on n’empêchera pas la caravane des « consultants » en tout genre de poursuivre son chemin, et le ministère de la Santé d’imposer ce qu’il croit être bien.
L’ordre est certes un plus relatif. Il ne sera pas magique. Ses détracteurs n’ont en tête que le modèle médical. Il fait pourtant la force des médecins, comme celle des avocats, des notaires, des huissiers, des experts comptables, des infirmiers, des architectes et géomètres.
Nous sommes par ailleurs convaincus que l’ajournement par le Conseil d’État des décrets d’application de la « Loi sur le titre de psychothérapeute » résulte de la vigilance de notre syndicat et de sa représentativité.
Nous soulignons donc la contradiction de la conclusion de l’article de faire appel à « une solidarité de tous les psychologues », alors que le risque est grand que nos confrères non cliniciens et non salariés ne se sentent pas concernés, car oubliés.
Le SPEL a su parfaitement nouer des liens avec les autres organismes qui nous représentent, comme avec les organisations représentant les autres professions libérales.
Gageons que nous pourrons conforter, par la publication de cette note, le nécessaire côté unitaire des pratiques psychologiques et la nécessité d’être syndiqué. ■

 

 

Note
1. Le Journal des psychologues, 2007, 248 : 8-9.

 

« TRIBUNE LIBRE » est une rubrique ouverte à toutes les associations, fédérations, organisations professionnelles de psychologues, mais aussi à tous les psychologues, professeurs d’université, étudiants en psychologie, etc., qui souhaitent réagir, s’exprimer et échanger sur la profession. Les articles sont publiés sous l’entière responsabilité de leurs auteurs. 

Pour citer cet article

Hélie Marie-Ange  ‘‘Unité et contradictions‘‘
URL de cet article : https://www.jdpsychologues.fr/article/unite-et-contradictions

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