Vous avez dit pluridisciplinarité ?

Le Journal des psychologues n°242

Dossier : journal des psychologues n°242

Extrait du dossier : La pluridisciplinarité : le psychologue et les autres
Date de parution : Novembre 2006
Rubrique dans le JDP : Dossier
Nombre de mots : 3300

Présentation

La spécificité de notre profession est souvent mise en avant ainsi que notre différence et notre autonomie de fonctionnement. Comment, dans le cadre d’un travail à plusieurs où des disciplines et des savoirs diversifiés se confrontent et interagissent, la singularité du psychologue peut-elle s’exercer ? Qu’apporte-t-il à la fois de complémentaire et de différent au sein d’une équipe ? Petit jeu de question-réponse autour de la question de la pluridisciplinarité.

Détail de l'article

 Le Journal des psychologues   Le concept de pluridisciplinarité est au cœur de notre profession et la constitue de manière intrinsèque : la pluridisciplinarité est inhérente à la formation première du psychologue, et la pratique du psychologue ne peut se penser en dehors de la prise en compte des interactions entre son intervention et celle d’autres professionnels. Ainsi la spécificité de cette profession tient en partie à sa position singulière par rapport à l’ensemble des professionnels de la relation d’aide.

 

 P. Conrath   Par sa formation, le psychologue est, par essence, pluridisciplinaire. L’enseignement universitaire est composé de disciplines diverses, toutes centrées sur l’exercice de la psychologie, et donc de manière significative de l’exercice d’« être psychologue ». Par conséquent, il reçoit une formation qui le confronte à un ensemble de corpus théoriques et pratiques qui le met, dès lors, dans une position où il exerce une profession éminemment marquée par la ­pluridisciplinarité.
C’est d’ailleurs un cas quasi unique dans le domaine des sciences humaines et en tout cas chez les « psychistes » en particulier ; si l’on se penche sur les autres professions connexes, par exemple les psychiatres, l’on s’aperçoit que leur for­mation est essentiellement centrée sur la psychopathologie : ils ne sont pas éclairés par la psychologie sociale, expérimentale, etc. Et ne parlons pas des psychothérapeutes ou des spécialistes en ressources humaines, qui focalisent des apprentissages sur une ou plusieurs techniques, et pas du tout sur la diversité de ce que peut nous apprendre le psychisme humain envisagé plus globalement.

 

 JDP   Cette modalité de formation est donc singulière ; quel intérêt présente-t-elle ?

 

 P. C.   L’avantage, c’est déjà celui que l’on vient de souligner, celui du psychologue est d’être mis dans la position d’un professionnel qui serait le plus apte à parler du psychisme dans sa globalité et à avoir les moyens de dire et de faire quelque chose autour de ça en sachant de quoi il parle.
À l’inverse, les inconvénients tiennent aussi à cette position de soumission à des références multiples qui peuvent s’opposer, voire être antagonistes, dans la façon d’appréhender le psychisme humain.
Finalement, toute la question est de savoir comment on peut assimiler et métaboliser toutes ces références pour en extraire une pratique qui peut être à la fois multiple, tout en évitant le morcellement.

 

 JDP   Aujourd’hui encore, une forma­tion fondée sur cette pluridisciplinarité peut-elle être considérée comme une vraie richesse ? N’y a-t-il pas plutôt, au vu de la diversification des domai­nes d’intervention, nécessité de se ­spécialiser ?

 

 P. C.   Face à l’évolution de la société, des systèmes de soins et de prise en charge, on assiste à une multiplication des modes d’intervention. Ainsi, comme d’autres travailleurs sociaux ou intervenants dans ce domaine, le psychologue est confronté au fait qu’il est susceptible d’intervenir dans des lieux où la spécialisation est très forte, que ce soit en termes de focalisation sur une technique ou un savoir, en termes de sujets, découpés en fonction de leurs symptômes ou selon les difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Il y a des cellules d’urgence pour tel type de problèmes, des services qui ne s’occupent que d’enfants précoces, des services qui s’occupent d’enfants qui rencontrent un retard de développement, etc., et c’est d’ailleurs pour suivre cette évolution que se développent un certain nombre de masters de plus en plus spécialisés dans des domaines d’intervention de plus en plus spécifiques.
Cela répond certes légitimement à des demandes sociales, mais, pour autant, je pense que le psychologue a justement tout intérêt, en plus de posséder une connaissance assez approfondie du domaine dans lequel il intervient, à être en mesure de se servir de la diversité de ces apprentissages pour pouvoir exercer un métier qui est lui-même différent des autres dans ces secteurs spécialisés. On ne peut pas revendiquer d’avoir un métier spécifique, fondé sur l’écoute et la compréhension à partir d’une connaissance approfondie du psychisme, et ne pas avoir les outils pour l’exercer.

 

 JDP   Par extrapolation, ne peut-on penser que cette tendance à une spécialisation de plus en plus grande dans des domaines d’intervention très particuliers nie presque la formation initiale du psychologue qui prend en compte tous les aspects du ­fonctionnement du psychique.

 

 P. C.   Je pense qu’elle ne le nie pas. Cependant, le risque serait d’être sur une pente qui inciterait à nous faire oublier que le psychisme est beaucoup plus complexe qu’un découpage, certes nécessaire, pour pouvoir prendre en compte les personnes telles qu’elles se présentent avec leurs symptômes, mais dangereusement réducteur. C’est l’objet d’un grand nombre de discussions et de débats autour de l’éthique et la déontologie du psychologue : intervenir à partir d’une seule orientation pousserait à négliger ce qui fait l’éthique de base du psychologue, c’est-à-dire entendre un sujet dans sa globalité, de manière non parcellaire. Je crois qu’effectivement il y a un risque, et c’est d’ailleurs à cause de cela que l’on en parle de plus en plus.

 

 JDP   D’autant que la tendance politi­que actuelle semble tenter d’appliquer le modèle médical à la psychologie et d’aller dans le sens d’un assujettissement à la médecine. Le modèle médical dont tu parlais, quand il est remis en question, peut l’être justement dans ce qu’il prend en compte le sujet par ­morceaux et non dans sa globalité, ce qui peut conduire à des aberrations parfois énormes de prise en charge. Dans cette perspective, la profession doit rester vigilante quant au maintien de cette formation pluridisciplinaire de base.

 

 P. C.   Oui, il faut soutenir une vigilance d’autant plus que les pressions et les tentations sont très fortes. Je suppose qu’au départ, dans ces masters spécialisés, on prend en compte les aspects multidimensionnels de la personnalité, mais le glissement risque de se produire dans les pratiques quotidiennes. En effet, ces pratiques quotidiennes conjuguées avec des espèces de systèmes de pression ont tendance à installer le psychologue dans une position ambiguë, car il lui est demandé d’apporter quelque chose de différent et de complémentaire dans une équipe et, en même temps, d’être assujetti à ce mode de découpage de la personne, qui est tellement prisé aujourd’hui et qui peut être renforcé par de multiples labels masterisés.

 

 JDP   Ne pourrait-on y discerner aussi une conséquence de la fracture qu’il peut y avoir entre la formation universitaire et la pratique ?

 

 P. C.   Les universitaires ont besoin de toute façon de pousser assez loin un domaine de recherche, car, s’ils restent très généralistes, ils sont sûrs qu’ils ne peuvent pas, en termes de recherche et d’interrogation, s’orienter vers des avancées significatives. Le problème se pose dans la façon dont l’universitaire va tenir un certain type de discours, qui risque finalement d’inviter le futur psychologue à ne pas être ce généraliste dont on parlait, à abandonner un peu tout ce qu’il a appris pour une vision des choses en particulier. Alors, le risque du discours de l’universitaire sera de penser qu’il y a une vérité du sujet et une seule façon de le percevoir.

 

 JDP   Finalement, et c’est le comble, c’est aussi ce que propose le gouvernement à travers les diverses tentatives d’écriture du décret d’application de la loi sur le titre de psychothérapeute : c’est-à-dire que chaque professionnel soit formé à l’ensemble des champs psychothérapeutiques pour pouvoir choisir en fonction des situations ou de son exercice professionnel vers quelle pratique psychothérapeutique il se dirige. (Les décrets précisent qu’il faut que les professionnels, qui exercent en tant que psycho­thérapeutes, s’appuient sur une formation de base aux quatre psychothérapies préalablement déterminées et ne se ­cantonnent pas à une seule obédience).

 

 P. C.   Les tentatives autour de l’avènement du titre de psychothérapeute, qui est censé nous protéger contre les dérives sectaires, sont effectivement une façon de pallier le grand écart entre l’exercice de techniques psychothérapeutiques et la nécessité qui est quand même reconnue par tout le monde, du moins par la majorité de ceux qui pensent un peu, d’avoir des bases sérieuses de la connaissance du psychisme, de la façon dont la personne se développe, vit, a un inconscient, quelles que soient les techniques utilisées.
Le problème des formations complémen­taires est de savoir si elles vont dans le sens d’une vraie et sérieuse connaissance de l’individu.

 

 JDP   Là, on n’est plus dans une formation pluridisciplinaire, mais dans une accumulation de techniques ou d’outils, au même titre que l’enseignement de la pratique des tests au psychologue. Sauf que, dans ce cas, ce n’est qu’un aspect de la formation et non l’essentiel.

 

 P. C.   La question ne porte pas forcément sur l’exercice des techniques, mais sur ce qui les sous-tend. Quelle connaissance en a-t-on, pas simplement pour les appliquer, mais de ce qu’elles peuvent signifier et apporter réellement pour un savoir beaucoup plus large sur l’activité psychique ? La question est donc bien de savoir comment on pratique, à partir de quel bagage on exerce son métier et pas seulement de se demander quelles techniques on utilise, au risque d’ailleurs si c’est nécessaire de ne pas les utiliser. C’est d’ailleurs bien la raison pour laquelle, lorsqu’on est psychologue, on ne fait pas, par exemple, passer systématiquement des tests, on peut très bien supposer qu’un test puisse ne pas être passé ou alors d’une certaine manière, à un moment donné, etc. On le sait tous, mais il arrive que l’on soit soumis, notamment dans certaines activités libérales qui se développent aujourd’hui, à des pressions extérieures et des demande très spécifiques et focalisées autour d’un certain nombre de techniques, telles que la passation de tests.
Si l’on est, parfois, charmé par ce que l’on entend sur les podiums, on peut être, ensuite, effrayé par ce que l’on constate dans les pratiques. Il est nécessaire de remettre cela en question de manière permanente. L’éthique n’est pas qu’une question de déontologie, c’est aussi une question de pratique au quotidien, même si le code de déontologie doit être un repère fondamental.

 

 JDP   Après avoir traité la première question, celle de la pluridisciplinarité intrinsèque de la profession de psychologue, abordons celle de la singularité de la place du psychologue au sein d’équi­pes pluridisciplinaires. Le psychologue, en effet, agit de façon plus spécifique que les autres professionnels puisqu’il intervient directement auprès des usagers, mais également dans le soutien de l’équipe dans sa mise en œuvre du projet de l’institution et dans l’accompagnement des autres professionnels dans leur intervention auprès des usagers ; il y a donc une triple position du psychologue.

 

 P. C.   C’est presque un truisme que de parler de la singularité du travail du psychologue en équipe, puisque, de toute façon, une multitude de professions sont confrontées au fait de travailler à plusieurs.
La position du psychologue au sein d’une équipe de travail est évidemment corrélée à un certain nombre de facteurs : elle dépend tout d’abord du type d’équipe dont il est question, de la nature du projet qu’elle porte, des références qui le sous-tendent. Travailler, par exemple, avec une équipe d’ingénieurs en ressources humaines, une équipe de secteur psychiatrique ou social ou médico-social, dénote à tout le moins la façon dont le psychologue sera amené à intervenir. Ensuite, une intervention centrée sur un client, comme le formulent certains, sur un patient, sur une fonction d’aide, sera abordée de manière encore différente, et les références qui sont utilisées seront choisies au sein même de cette équipe ou de cet établissement en réponse à des objectifs chaque fois caractéristiques.
Le fait de travailler dans une équipe où tout le monde partage les mêmes références théoriques ou des référentiels qui sont semblables prédétermine les choses dans un sens ou dans un autre. Ainsi, dans une équipe où tout le monde utilisera les mêmes références, le positionnement du psychologue portera d’emblée sur une espèce d’harmonisation des interventions et des modes d’action, à l’opposé de ce qui existera lorsque chacun aura des fonctions très différentes avec des projets qui se superposent. Dans le secteur médico-social, par exemple, où les équipes comprennent à la fois des psychologues, des méde­cins, des enseignants, des éducateurs, le ­psychologue est amené à se situer de manière encore plus spécifique, et pas seulement par rapport à des réfé­rences théoriques auxquelles il aurait pu être « assujetti » dans d’autres secteurs ­d’intervention.

 

 JDP   Ce que tu dis, c’est qu’il y a des préceptes de base qui vont permettre ce travail en équipe, qui vont l’orienter, le déterminer, l’étayer et qu’au sein de cette histoire-là, le psychologue va donner sens à ce qui se joue, se met en acte, ce qui est dit, et favoriser une cohérence de fonctionnement de l’équipe.
Tu soulignais justement les différents lieux d’exercice du psychologue, qui sont multiples, tant et si bien qu’il est quasi impossible d’évoquer « une » équipe pluridisciplinaire ; néanmoins, il y a probablement au sein de toutes ces équipes un positionnement du psychologue qui est propre au regard qu’il peut avoir sur les autres, à la fois l’usager et le professionnel.

 

 P. C.   Ce que l’on revendique en tant que psychologue, c’est d’avoir une position spécifique par rapport à un certain nombre de prérequis liés à notre formation, à notre conception de l’éthique. Pourtant, cela ne va pas de soi ; certains pensent qu’à partir du moment, où l’on arrive quelque part et que l’on parle de la clinique ou par exemple de la fameuse question du sujet, on apporte quelque chose de singulier à une équipe. Ce n’est pas tout à fait évident, cela peut l’être comme ne pas l’être. Parfois, un autre professionnel jouera ce rôle de manière plus efficace. Tout dépend également des contraintes qui pèsent sur sa fonction, auxquelles il adhère plus ou moins. Dans les faits, le psychologue peut avoir un rôle d’observation, de passation de tests et, en même temps, de travail clinique, mais finalement ce positionnement que le psychologue imaginait être le sien peut être infléchi d’un côté ou d’un autre par la dynamique du travail en groupe ou en équipe.
Certains « contrats » de travail font que le positionnement du psychologue est extrêmement clair et contingent. S’il est là pour superviser une équipe, il est flagrant qu’il a une mission qui est tout à fait spécifique. Mais peut-on parler, dans ce cas-là, de pluridisciplinarité ?

 

 JDP   Il est tout de même face à des professions qui correspondent à des pratiques et ont des références différentes, des raisons de présence dans une équipe qui sont autres, en fonction de la spécificité de leur profession ; néanmoins, même s’il n’est pas éducateur, assistant social ou psychomotricien, il est là pour entendre ce qui peut faire une manière de fonctionner commune à travers toutes ces différences.

 

 P. C.   Oui, bien sûr, mais je dirais que c’est plutôt de l’ordre de l’idéal, en ligne d’horizon. Je ne dis pas que cela n’existe pas, je pense que cela fait partie effectivement d’une position presque fondamentale de la façon dont le psychologue conçoit son intervention, son mode d’accompagnement par exemple ; mais, en même temps, ce n’est pas quelque chose qui est donné d’emblée. C’est d’autant moins systématique que le psychologue est enclin à imaginer qu’il est le seul à pouvoir remplir cette fonction-là au sein d’un groupe de travail. Dans la réalité, on perçoit souvent d’énormes différences dans la façon dont le psychologue peut inscrire son travail dans une équipe. Il est aussi un peu assujetti pour le meilleur, et parfois pour le pire, à des projets qui l’incluent et qui n’émergent pas du travail d’équipe. On observe souvent un écart très important entre ce que l’on lit, ce que l’on entend du rôle du psychologue, discours sous-tendu par une inflation moïque qui, de facto, ferait qu’il se singularise, en raison de sa position, et la réalité où, parfois, il défend un projet d’équipe au même titre que les autres professionnels avec qui il travaille. J’insiste sur ce fait, je ne signifie pas que cela n’existe pas, je signifie que cela n’est pas donné d’emblée. C’est une question d’éthique, d’écoute et de positionnement au quotidien, qui conduit parfois à un décalage important entre ce que l’on attend du psychologue et ce qu’il a envie, lui, de faire passer dans ses interventions.

 

 JDP   Tu soulignes qu’il peut y avoir une différence entre ce qui est attendu du psychologue et ce qu’il désire mettre en place, à quelle place il se voit. Est-ce que, du fait de l’évolution des postes de psychologues vers de nombreux temps partiels avec un nombre d’heures attribuées à des missions précises, on n’observe pas une évolution de cette position du psychologue sur les lieux où il intervient ? On trouve ainsi, comme tu le mentionnais, des demandes d’intervention sur des supervisions ou, inversement, des demandes uniquement auprès des usagers pour lesquelles le temps accordé ne permet pas de rencontrer l’équipe. On peut connaître des situations mixtes.

 

 P. C.   Cette question rejoint ce que l’on évoquait à propos du découpage du sujet. Je pense que, pour répondre à ce découpage, on crée aussi un découpage des fonctions du psychologue. Il y a beaucoup d’endroits où l’on préfère avoir recours, pour un même temps global d’intervention, à un psychologue spécialisé dans un domaine, et s’adresser à un autre psychologue spécialisé lui aussi, mais dans un autre domaine, augurant que cela apportera une richesse, ce qui est effectivement possible, à condition toutefois de tenir compte de manière expresse de la nature du travail ou des objectifs du projet, des orientations de l’équipe en question. Il est bien évident que, dans une équipe médicale, la pluridisciplinarité et le découpage des modes d’intervention sont nécessaires, et alors la singularité de l’intervention du psychologue est enrichissante pour l’équipe. Mais il est vrai aussi qu’à l’autre extrême, ce découpage peut conduire à une parcellisation des interventions du psychologue, et finalement ne pas répondre à cette exigence d’un travail clinique.
Il serait par ailleurs simpliste de réduire la question de la pluridisciplinarité à celle du travail en équipe ; il ne faut pas limiter en tout cas les effets de la pluridisciplinarité à la somme des individus qui forment le groupe, un peu comme la notion de structure qui ne se réduit pas à la sommation des individus qui la composent. Le travail à plusieurs, sous ses aspects pluridisciplinaires, pourrait se rapprocher de la notion de Collectif, tel que Jean Oury l’aborde du côté de la psychothérapie institutionnelle. Il montre bien que mettre en commun un certain type de travail correspond à un certain nombre de fonctions. La fonction diacritique, notamment, sépare les registres et les met en superposition ; les effets du travail sont ainsi alimentés, et par la différence, et la communauté des références, ce qui permet d’aller un peu plus loin que de se contenter de quelque chose qui serait de l’ordre du bien entendu entre tout le monde, mais qui peut conduire à des effets de surprise dans cette mise en commun d’un travail. Concrètement, cela conduit à arriver dans une équipe avec une certaine façon d’appréhender les choses, parler d’un patient, vouloir l’accompagner dans une direction et se retrouver ensuite sur un mode de réflexion tout à fait autre. Ce n’est pas seulement parce qu’un autre professionnel pense différemment et qu’on s’alimente de cette différence, mais parce que le groupe lui-même engendre une autre façon de percevoir les choses qui se nourrira de l’ensemble des différences ; quelque chose de l’ordre d’une autre « vérité » va se faire jour au niveau du sujet par exemple, par le jeu de la pluridisci­plinarité entendue comme ça, comme un collectif qui amène du sens et de la créativité.
Finalement, on pourrait soutenir que le psychologue au sein d’une équipe pluridisciplinaire aurait une fonction interprétative, à travers laquelle l’ensemble du groupe pourrait se reconnaître dans sa diversité. ■

Entretien réalisé par Delphine Col

Pour citer cet article

Conrath Patrick, Goetgheluck Delphine  ‘‘Vous avez dit pluridisciplinarité ?‘‘
URL de cet article : https://www.jdpsychologues.fr/article/vous-avez-dit-pluridisciplinarite

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