Les phénomènes de radicalisation : entre menace réelle et mirage conceptuel

Actualités professionnelles le 29 mai 2017

Chaque semaine apporte son lot d’inquiétudes en France concernant de possibles attentats. Le phénomène de radicalisation est régulièrement mis en avant comme cause quasi unique aux multiples actes terroristes perpétrés dans le monde. Le mot est lancé : "radicalisation", à la fois réponse et question, un processus qui comporte beaucoup de mystères.

Les informations à ce sujet sont éparpillées, la thématique assez floue. Comment devient-on radicalisé ? Quid de ces ressemblances troublantes entre l'entrée imaginée dans la radicalisation et les processus d’entrée dans l'adolescence parfois extrêmes ? Nous pouvons également discuter des similitudes entre la radicalisation et les phénomènes d'emprise sectaire, notamment par l’isolement de la personne de la société.


Les psychologues sont appelés à « déradicaliser » ou « désendoctriner ». La tentation est grande de trouver des explications psychologiques faciles au détriment d’une compréhension sophistiquée des processus à l’oeuvre, d'écouter les demandes d'un public venant flatter notre orgueil, nous qui serions les plus à même de l’éclairer.

Des profils sont évoqués, qui ne nous disent rien de pertinent, car il y a en effet plusieurs raisons qui engagent les jeunes radicalisés, et ces raisons restent encore aujourd’hui peu connues. Les experts montrent du doigt un comportement qui peut cacher en amont des rebellions, une entrée dans la psychose, le développement de sentiments de persécution, des errances ou des recherches identitaires et affectives... D’autres professionnels évoquent l’affirmation d’une dignité après un sentiment d’exclusion intériorisé. Certains radicalisés veulent attirer l'attention, exister ou prendre le pouvoir sur l'autre en le soumettant à la peur. Notons également la difficulté de comprendre les mécanismes de réinterprétation des textes sacrés qui vient nourrir les esprits des jeunes gens d’aujourd’hui en quête de sens et remplis d'un sentiment d'injustice.

Oui, la présence des psychologues est essentielle, mais prenons garde de ne pas oublier le polydéterminisme des conduites. Nous pensons qu’il faut considérer l'individualité des parcours plutôt que d'essayer de concevoir une nouvelle entité nosographique. La question de la place et de la fonction du psychologue reste ouverte dans un champ qui suscite les réactions maladroites, la stigmatisation et qui comprend une dimension politique non négligeable.

Maximilien Bachelart

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