Les sciences humaines, le gouvernement et la Covid

Papiers Libres le 26 novembre 2020

Dans un entretien à l’OBS du 5 novembre[1], Laurent Berger indique que lors du premier confinement, le gouvernement n’a pas intégré l’impact psychologique sur l’individu et le groupe humain.

Il a proposé depuis un comité d’experts en sciences sociales : « ils n’en ont pas voulu ».

Pour ceux qui, comme nous, évoquent depuis de nombreuses années que nous intervenons dans un contexte de mise à l’écart des problématiques psychiques dans le champ médico-social, ce n’est pas une surprise.

Pendant le premier confinement, de nombreux psychologues n’ont pas été consultés pour évoquer les soutiens à apporter aux pensionnaires des institutions et à leur famille.

Chaque professionnel réagit vis-à-vis du psychologue à partir de sa structure défensive ; du coup, le refoulement règne en maitre (le déni, etc.).

Nous sommes bien sûr habitués, depuis ces dernières années, au règne sans partage des technocrates libéraux qui savent tout !

Notre président « qui sait tout » pourrait quand même réfléchir au déchainement des violences et au déchirement des liens humains que ses propos et attitudes méprisantes ont déclenché ; les liens sociaux n’ont jamais été si dévastés (Gilets jaunes, etc.) ! Et que dire des difficultés psychiques massives générées par les maladresses de communication et le déni de la subjectivité dans ce deuxième confinement ?

Notre président pourrait apprendre qu’en prenant systématiquement la parole lors du grand débat, celui-ci est apparu comme le degré zéro d’une pratique d’échange inter-humaine. Imagine-t-on un directeur réaliser lui-même les APP dans son institution ? Seule l’hétérogénéité permet d’échapper aux processus mortifères (j’espère me tromper mais les dégâts humains à venir devraient être massifs).

En ayant poursuivi le démantèlement de la psychiatrie, en favorisant par une pratique technocratique libérale la déshumanisation des pratiques de soins en reléguant comme non existant les sciences humaines en général et la psychologie clinique en particulier, le pouvoir actuel favorise et amplifie le malaise dans la culture et obture les voies d’espoir. A toutes les difficultés liées à cette pandémie, il y ajoutera les troubles du lien social et les difficultés psychologiques individuelles.                                                 

Georges Schopp

Psychologue clinicien

Le 17 novembre 2020

 

[1] Obs du 3 au 11 novembre 2020, N°2923.

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