Loup y es-tu ? : immersion dans les CMPP

Actualités professionnelles le 5 juin 2023

 

Comment retranscrire les souffrances des enfants, ou encore les interrogations de leurs parents qui les amènent en Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) ? C’est à travers un documentaire aussi poignant que sensible que Loup y es-tu ? s’immerge au sein du premier CMPP à avoir ouvert ses portes en France.

 

Ce film documentaire de Clara Bouffartigue[1] retranscrit le travail clinique des CMPP, sous le prisme des enfants et de leurs parents, en s’appuyant sur le Centre Claude Bernard, créé en 1946 à Paris. Pour ce faire, la réalisatrice a suivi durant des mois des séances, dans un premier lieu sans filmer. Le documentaire a été terminé en 2020, et prend en compte la période du Covid-19. « Je propose aux spectateurs de vivre une expérience tangible qui s’en rapproche dont il pourra retenir l’essentiel : l’écoute, la créativité, la patience, la bienveillance, la grande intelligence, l’absence de jugement, la permanence et les possibilités de transformation qu’elles dessinent », explique-t-elle.

 

Les émotions et l’imaginaire mis en avant

Des intermèdes faisant un pas d’écart vis-à-vis de la réalité ont été conçus artisanalement, sous forme d’animations, par la réalisatrice, comme elle l’indique : « J’avais pour objectif que le réel et l’imaginaire s’interpénètrent donc il ne devait pas y avoir de césure entre la matière documentaire qui traitait du réel et la matière animée qui traitait de l’imaginaire. L’intention des soignants est vraiment d’offrir - comme au cinéma - une sorte d’écran blanc aux patients qui leur permette de projeter leur imaginaire sur les murs. » C’est d’ailleurs l’une des explications du titre du documentaire : les univers du jeu, des fantasmes et de l’irréel sont convoqués. D’autres thématiques apparaissent, telles que le dialogue, le silence, la famille, la thérapie en groupe ou individuelle.

 

Un manifeste politique à l’adresse des soignants

L’un des objectifs de ce documentaire réside également dans la déstigmatisation du soin psychique, en dépassant les peurs irrationnelles, craintes et stéréotypes. Ce film « fait fonction de manifeste. Il s’adresse aux soignants qui, je pense, ont un besoin immense qu’on leur renvoie une image juste et constructive de ce qu’ils apportent », expose Clara Bouffartigue, qui ajoute : « En faisant ce film, j’avais à cœur de défendre une approche très humaine du soin dont le film témoigne et qui est aujourd’hui très fragilisée. Elle est profondément menacée par l’orientation de notre société, gouvernée par des logiques de rentabilité et d’évaluation qui vont à l’encontre des liens humains, des liens sociaux, des liens de pensées. »

 

Plusieurs diffusions ont déjà eu lieu en mai en présence de la réalisatrice dans quelques salles de cinéma. D’autres sont prévues au mois de juin. La sortie nationale aura lieu le 13 septembre.

 

Guillaume Bouvy

 

[1] Clara Bouffartigue a par ailleurs réalisé Tempête sous un crâne (2012), ou encore Que m’est-il permis d’espérer (2020).

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