Cadre clinique et tendresse. Des liaisons dangereuses ?

Cadre clinique et tendresse. Des liaisons dangereuses ?

Tovmassian Laurent Tigrane

Informations sur le livre

Editeur : In Press
Année de parution : 2022
ISBN : 978-2-84835-753-9
Nombre de pages : 250


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Présentation de l'éditeur

Ouvrage dirigé par Laurent Tigrane Tovmassian et Christophe Janssen pour les éditions In Press.

Notre avis

Que peut faire le thérapeute face à la détresse du patient ? La réponse presque identique des différents auteurs est qu’il peut offrir sa tendresse, dans un sens métaphorique, mais aussi dans le sens d’un contact physique rassurant, ce qui est pourtant aux antipodes de la « neutralité bienveillante », telle que préconisée par le courant rogerien de la non-directivité ou par la psychanalyse. La conviction est alors que seule la tendresse partagée peut transformer la détresse en un partage d’expériences favorables au rétablissement de la santé mentale. Dans cet ordre d’idées, deux problèmes appellent à la « réflexion » : celui du risque de « dérapage », et donc de liaison dangereuse au cours de la circulation de la tendresse, et celui du déclenchement d’une possible pulsion d’attachement représentant une menace pour le déroulement de la cure analytique. Ces risques valent-ils la peine d’être encourus, sachant que l’absence rigide de tendresse pourrait s’identifier à une forme de violence ? La réponse apparaît comme globalement positive, s’appuyant sur l’hypothétique effet bénéfique d’une réciprocité de tendresse entraînant une cocréation d’objectifs communs dans le processus analytique, cela dans un partenariat de soin psychique. Certains auteurs soutiennent, paradoxalement, que l’absence de contact physique au cours de la thérapie exacerbe l’érotisation du fantasme, à l’inverse du toucher (empreint de tendresse) qui abaisserait l’érotisation génitale et la fantasmatisation libidinale. Signalons l’intérêt d’un chapitre dans lequel l’auteure évoque, dans le cadre de pratiques de soins palliatifs, la notion d’« haptonomie » (ou science du contact) pour caractériser un accompagnement thérapeutique de sujets en fin de vie, marqué par des approches tactiles créant un sentiment d’estime de soi.

Plusieurs auteurs s’interrogent directement ou indirectement sur la possibilité de donner une définition globale satisfaisante de la tendresse. En effet, celle-ci peut-elle se réduire au toucher thérapeutique ? On a déjà relevé plus haut le désaccord entre les cliniciens qui prônent la non-proximité avec le patient et ceux partisans de l’empathie et de la centration bienveillante sur celui-ci. Il apparaît, dans divers textes de l’ouvrage, que Sigmund Freud ne tranche pas de manière claire sur ce point. La référence à la dialectique des courants, tendre et pulsionnel (ou sexuel), n’apporte pas de réponse claire sur le statut de la tendresse dans le soin clinique ou psychique. Sauf à évoquer les effets de la sublimation soutenue par la proximité physique ou le surgissement d’élans spontanés vers la sécurité affective.

L’ouvrage, riche de références nombreuses et pertinentes, ouvre des pistes de réflexion qui intéresseront sans doute, outre les psychothérapeutes, un public cultivé curieux des prolongements apportés aux thèses freudiennes.

Claude Tapia

 

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