La citoyenneté en institutions et services pour personnes âgées

La citoyenneté en institutions et services pour personnes âgées

Defontaine Joël

Informations sur le livre

Editeur : Érès
Année de parution : 2007
ISBN : 978-2749208091
Nombre de pages : 158


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Présentation de l'éditeur

L'approche actuelle de la prise en charge de la personne âgée en institution voit dominer les réflexions d'ordres budgétaire, financier, de vie collective, de restauration, d'animation, de sécurité et d'effectifs des personnels parmi les plus importants. La personne âgée est étudiée sous l'angle des coûts qu'elle génère sans que soient suffisamment pris en compte les apports qu'elle peut produire dans et en faveur de la société dans laquelle elle vit. Ce type d'approche est préoccupant et interroge sur la place de la personne âgée à l'intérieur de notre société. Le fait du grand âge lors de l'entrée en institution tend, en toute légitimité, à mettre en avant toutes les questions relatives à la perte d'autonomie mais, curieusement, oublie très souvent son maintien dans la société comme citoyen à part entière. La reconnaissance, forte et sans ambiguïté, de la condition de citoyen de la personne âgée quel que soit son lieu de vie peut lui permettre de poursuivre une vie normale d'adulte, et nous permettre de nous alléger de cette lourde tâche qui est d'assumer régulièrement la mission d'aide et d'accompagnement à son égard, sans infantilisation ni «décitoyenneté».
Dans notre société moderne, la personne âgée est soumise à une double pression défavorable, la pression de la famille et de l'environnement naturel, dans lesquels coexistent des sentiments contradictoires, et la pression des acteurs socio-médicaux, qui est tantôt bienveillante, tantôt l'expression d'un rejet passager de la personne entourée ou soignée. La Constitution du 27 octobre 1946 a affirmé les droits des personnes âgées. La préoccupation sur les droits et les libertés de la personne hébergée n'est pas allée de soi, encore moins à domicile qu'en institution où le cheminement semble avoir été plus profond et important. Cela paraît comme une «erreur de trajectoire» quand il est constaté que les personnes âgées vivent à domicile plus fortement qu'en institution. La loi du 30 juin 1975 a apporté fondamentalement les éléments d'une approche nouvelle concernant la personne âgée dans le monde social et médico-social, dans lequel s'inscrivent les EHPAD, en voulant supprimer les hospices considérés comme des mouroirs dans l'oubli (du type de l'Assistance publique, notamment de la première moitié du XXe siècle). Malgré cette avancée et cette volonté du législateur, la personne âgée resta enfermée dans le carcan médical à l'intérieur duquel pourtant la réflexion s'est creusée, ce qui nous permet de mesurer la difficulté de faire surgir sa situation de pleine citoyenneté, sa pleine expression, car jamais la perte d'autonomie n'est génératrice d'un refus total de l'expression de la personne qui la subit. Dès lors, se crée progressivement une véritable volonté de changer ces types de situation. C'est la loi du 2 janvier 2002 qui apporte, entre autres, une instauration des fondements philosophiques et des mesures pratiques selon lesquels la personne âgée se trouve en situation d'expression de sa citoyenneté à travers notamment l'article 3 de ladite loi : «L'action sociale et médico-sociale est conduite dans le respect de l'égale dignité de tous les êtres humains avec l'objectif de répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d'entre eux en leur garantissant un accès équitable sur l'ensemble du territoire.» Dans cette même loi, la section II traite du droit des usagers du secteur social et socio-médical, au travers de principes philosophiques forts. Si la cause est noble et belle, leur véritable application contraint à sortir des schémas culturels trop longtemps pratiqués. Pour que cette pensée traverse les exigences de citoyenneté des personnes âgées, l'action seule au quotidien des personnels en charge doit permettre aux deux parties de gagner chacune son espace de liberté.
Mais, même si le droit de la personne âgée, de «l'usager», semble être pris en compte, son exercice réel semble plus difficile à percevoir quand celle-ci est isolée, voire en institution. En effet, l'organisation verticale de la société et son évolution sociologique créent des niveaux de rupture entre les générations qui notamment font éclater la notion de famille au-delà du niveau 1 et, au mieux, au niveau 2 de la cellule familiale. L'ancien, le sage n'est plus soutenu, écouté, il a perdu son statut social. Il est souvent coupé de sa famille, isolé, voire abandonné, rejeté et exclu ou laissé en charge de la société au travers des systèmes sociaux. Il est dès lors coupé de la vie citoyenne avec souvent peu de moyens de s'organiser pour faire valoir ses droits. Tâches dévolues à d'autres, pour lui, sans qu'il puisse vraiment participer aux et influer sur les prises de décisions. Cette posture ne vaut pas dans d'autres civilisations, d'autres cultures où le sommet de la pyramide sociale est tenu par les anciens.


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