En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services et des offres adaptés à vos centres d'intérêts.
C’est dans l’air du temps. Les organisations doivent s’occuper du bien-être de leurs salariés, et cela, au moment même où les pressions pour la performance sur les individus n’ont jamais été aussi intenses. Stress, harcèlement moral, violences, font partie du quotidien et alimentent le sentiment de maltraitance. Si ces phénomènes existent depuis longtemps, peut-être à un niveau moindre, le fait nouveau est leur prise en compte, tant sur un plan juridique que psychologique. Pouvoir en parler est un premier pas, souvent libérateur, même si cela augmente parfois l’acuité du ressenti et risque de multiplier le rôle de victime. Mais le dire suppose le dénoncer, et c’est un acte difficile à réaliser, qui accentue l’impression négative, surtout quand le mal est déjà fait. Mieux vaudrait l’anticiper pour l’éviter.
Les motivations pour développer la bientraitance dans le monde du soin sont a priori légitimes et respectables : la bientraitance semble ne donner prise à aucune critique. C'est pourtant cet aspect trop consensuel et sans aspérité qui a suscité l'intérêt des auteurs de cet ouvrage pour ce néologisme aujourd'hui à la mode.
Ce livre se propose de présenter les enjeux éthiques et les conséquences pratiques que peut avoir la diffusion de cette notion ambiguë dans le monde du soin.
La question principale est alors de savoir si la bientraitance représente, comme on l'admet de manière quasi uniforme, une tentative louable de redonner du sens à l'activité soignante, ou si, a contrario, si elle n'est finalement qu'une manière, peut-être plus subtile, de poursuivre l'œuvre de rationalisation et de standardisation du soin.