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«C’est paradoxal !» : l'expression semble «s'être banalisée. Elle exprime la surprise, l'étonnement, la colère parfois, devant des situations jugées incohérentes, contradictoires, incompréhensibles. Quelques formules glanées ici et là illustrent cette inflation du paradoxal : «Je suis libre de travailler 24 heures sur 24», «Il faut faire plus avec moins», «Ici, il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions», «Je traite de plus en plus de travail en dehors de mon travail et inversement», «Plus on gagne du temps, moins on en a»... L'ouvrage analyse la genèse et la construction de cet «ordre paradoxal». Il explore les liens entre la financiarisation de l'économie, l'essor des nouvelles technologies et la domination d'une pensée positiviste et utilitariste. Il montre pourquoi les méthodes de management contemporain et les outils de gestion associés confrontent les travailleurs à des injonctions paradoxales permanentes, jusqu'à perdre le sens de ce qu'ils font. Enfin, cet ouvrage met au jour les diverses formes de résistance, mécanismes de dégagement ou réactions défensives mises en oeuvre par les individus. Pour certains, le paradoxe rend fou. Pour d'autres, il est un aiguillon, une invitation au dépassement, à l'invention de réponses nouvelles, individuelles et collectives.
Décrire un mouvement inéluctable et en éclairer le sens, c’est le pari philosophique que tente cet ouvrage, qui brasse des contenus à la fois proprement philosophiques, mais aussi politiques et historiques. Les cinq époques de l’histoire sont ici étudiées en exacte correspondance les unes avec les autres. Chacune est introduite par une affirmation (de l’idée, du péché, du doute, de l’existence, de l’inconscient). Chacune fait gagner un savoir philosophique. Chacune suppose l’appropriation d’un aspect de la vérité. Chacune se fixe dans une institution. Chacune offre des droits nouveaux. Chacune néanmoins se heurte au refus foncier que les hommes opposent à tout progrès de la justice – c’est l’inéliminable pulsion de mort. Jusqu’à l’époque actuelle (fin de l’histoire) où l’individu reçoit une place centrale. La pulsion de mort, inassumable en dernier ressort (d’où le terrorisme), devra alors être socialement assumée, autant qu’il est possible (d’où la question brûlante aujourd’hui du capitalisme).
Évoquant ses différentes prises de position, et notamment sa thèse sur les effets psychologiques et sociaux néfastes de l’économie néolibérale, Roland Gori souligne la contribution notable de la psychanalyse à l’humanisation de la société contemporaine. Sa posture pourrait être identifiée par l’aphorisme qu’il emprunte à Romain Rolland, « le pessimisme de l’intelligence allié à l’optimisme de la volonté ».