Dossier : journal des psychologues n°253
Auteur(s) : Guinot Brigitte, Lécuyer Roger
Présentation
Lors du dernier Forum des psychologues, organisé par Le Journal des psychologues en 2006, en Avignon, la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP) a lancé un appel à la collaboration aux autres organisations.
Mots Clés
Détail de l'article
Cet appel a été suivi d’effet, puisqu’une série de réunions s’est ensuivie au sujet de la rénovation du code de déontologie des psychologues, qui a maintenant onze ans. Dans ces réunions, un consensus très large a été trouvé : le fait que le code ne soit pas juridiquement opposable est un handicap important pour la profession.
À partir de ce constat, deux conceptions essentielles se sont opposées : pour certains, l’idée d’une réglementation du code déboucherait de manière automatique sur la revendication de la création, par l’État, d’une instance ordinale de psychologues, alors que, pour d’autres, un décret en conseil d’État, pris en application de la loi de 1985, pourrait préciser que les psychologues sont tenus de suivre un code de déontologie. Concernant la première proposition, on trouvait surtout des représentants du SNP, pour la seconde, surtout des représentants de la FFPP. Pourtant, point commun entre les deux organisations, un large débat est souhaité. De fait, le SNP a publié un numéro spécial de Psychologues et psychologies (1) sur la question de la création d’un ordre, et la FFPP a publié un numéro spécial de Fédérer (2), consacré, quant à lui, de manière plus large, à la réglementation de la déontologie.
Ces deux numéros spéciaux ont été investis comme un lieu de débat et de réflexion de la profession sur ces questions capitales pour son avenir.
Ce qui en ressort principalement, c’est notamment la diversité des argumentations, et ce, que les auteurs soient pour ou contre un ordre. Ceux qui défendent l’idée d’un ordre ont plutôt eu tendance à défendre un principe et à ne pas le situer dans l’ici et maintenant de la psychologie en France. Cette affirmation de principe est donc très souvent hors du temps, mais elle est parfois située dans un espace précis : le Québec, référence de la réussite d’un ordre.
Ceux qui sont opposés à l’idée d’ordre, en revanche, ont situé plus fréquemment leur position dans le présent de la psychologie française, située par rapport à son histoire. La question pourrait alors presque se résumer brutalement au fait de savoir si l’on peut faire l’économie de l’histoire… et il semble que l’histoire montre que non. Quant à l’espace, ceux-là vont chercher leurs références internationales de manière beaucoup plus diversifiée et citent facilement l’Italie et le désordre qui y règne malgré l’ordre, de même que les très nombreux pays qui vont fort bien sans ordre.
On peut donc lire, en ce qui concerne la réglementation de la déontologie, que la réflexion s’est articulée autour de la responsabilité à exercer, à enseigner, la psychologie, mais aussi sur le fait que, si le code de déontologie des psychologues est aujourd’hui une valeur partageable, l’objectif est bien de le rendre accessible et opposable.
Avoir un avis motivé sur ces questions de réglementation de la déontologie est un exercice difficile, et ce, pour diverses raisons. La principale est qu’en défendant une certaine idée de la liberté et de la responsabilité, on prend le risque d’exposer, en l’argumentant, un discours qui reste, pour beaucoup, bien trop empreint d’imaginaire et de fantasmes, parce qu’il touche justement aux questions fondamentales de l’éthique du sujet, articulées autour des notions du bien et du mal. Il devient alors souvent périlleux de parler sereinement de cette question, et les discussions sont parfois violentes et source de division et de discorde dans un milieu déjà fragilisé par ses multiples discours et démarches qui rendent notre représentativité si vulnérable. Cependant, il est nécessaire que puisse avoir lieu un débat équilibré, relatif à la représentativité des démarches de la psychologie, à savoir le point de vue aussi bien des psychologues cliniciens très marqués par la psychanalyse, des psychologues du travail, d’autres de l’éducation, sans oublier les universitaires qui, rappelons-le, enseignent la déontologie et l’éthique. Il est nécessaire que chacun puisse se saisir de ces points de vue qui restent tous discutables, mais dont l’intérêt est d’éviter le passage à l’acte, faute d’avoir pu trouver ces temps de parole qui remettent en ordre l’avis ou plutôt l’idée que l’on pouvait avoir sur cette question.
Quoi qu’il en soit, les psychologues ont des éléments de discussion et des arguments divers pour pouvoir se déterminer.
La FFPP, quant à elle, devrait prendre une position aux alentours du printemps prochain, quand le débat aura été largement approfondi. Il est, en effet, nécessaire que les positions prises par les uns et les autres le soient à partir de l’information la plus large et la plus exacte possible et que l’on ne se prononce pas à partir de clichés, que ceux-ci fonctionnent pour ou contre un ordre qui, dans les deux cas, ne serait qu’un mythe.
Notes
1. « Un ordre… Quels enjeux pour la profession », Psychologues et psychologies, 194-195 (2), juin 2007, Bulletin du Syndicat national des psychologues.
2. « Réglementer la déontologie des psychologues. Pourquoi ? Comment ? », Fédérer, édition spéciale n° 1, 2007. Pour se le procurer, renseignements sur le site de la FFPP en page d’accueil : www.ffpp.net.