Diffusion de la psychanalyse dans le monde, du temps de la vie de Freud

Le Journal des psychologues n°239

Dossier : journal des psychologues n°239

Extrait du dossier : L’originaire au cœur de l’adoption
Date de parution : Juillet - Août 2006
Rubrique dans le JDP : Pages actuelles
Nombre de mots : 3800

Auteur(s) : Douville Olivier

Présentation

Cent cinquante ans après la naissance de Freud, la pensée de l’inventeur de la psychanalyse reste toujours aussi vivace, en témoignent les attaques périodiques dont elle fait l’objet. Pour autant, il est opportun de rappeler que les thèses de Freud, leur évolution, furent l’objet d’un combat de toute une vie. Voici, comme convenu, le deuxième volet de cette chronologie : de 1910 à 1912

Détail de l'article

1910  
Le IIe Congrès international de psychanalyse a lieu les 30 et 31 mars à Nuremberg, organisé par C. G. Jung qui sera absent. Freud, qui y fait une communication intitulée « Sur les perspectives d’avenir de la thérapeutique analytique »,
est inquiet à cause du voyage en Amérique de Jung. Le 3 avril, il peut cependant écrire à Ferenczi : « Pas de doute qu’il n’ait été extraordinairement réussi […]. J’ai l’impression que l’enfance de notre mouvement s’achève avec le Reichstag de Nuremberg. Reste à espérer que la période de jeunesse sera fructueuse et belle. » Sa lettre à Jones du 15 mars confirme : « Nuremberg a été une réussite. » Le 21 avril, dans une lettre adressée à L. Binswanger, Freud désignera encore ce congrès de façon « ironique » comme le « Reichstag de Nuremberg ». Le congrès eut une conséquence importante : la fondation, à la suite d’une proposition de Ferenczi, de l’Association internationale de psychanalyse (International Psychoanalytic Association, ipa), rassemblant les Ostgruppen de Zurich, Vienne et Berlin, avec Jung pour président (désigné par Freud), Riklin pour secrétaire et Zurich, la ville-domicile du président, pour siège. Les sociétés de psychanalyse existantes deviennent des sections locales de l’Association internationale, des statuts sont acceptés. Le choix de mettre en place une organisation indépendante ne fut arrêté que peu de semaines avant le congrès. Freud avait pensé auparavant que les psychanalystes pouvaient s’affilier à l’« Ordre international pour l’éthique et la culture », créé par le pharmacien suisse A. Knapp ; Jung et Riklin sont nommés rédacteurs de l’organe officiel de l’Association, le Korrespondenzblatt, qui devait paraître chaque mois. Le premier numéro sort en juillet. Freud doit alors faire preuve de diplomatie avec les membres de la Société psychanalytique de Vienne. Il veut faire de Zurich le centre du mouvement psychanalytique et confier à un non-juif (c’est-à-dire à Jung) la direction de cette nouvelle association. Divergences, tensions, inquiétudes chez les Viennois fidèles (Hitschman). Freud apaise la Société viennoise. Il nomme Adler à sa place en position de présidence et propose, en partie pour concurrencer le Jahrbuch de Jung, la parution d’une revue mensuelle, le Zentralblatt für Psychoanalyse, Medizinische Monatsschrift für Seelenkunde (Feuille centrale de psychanalyse, Mensuel médical de psychologie), dont Adler et Stekel sont rédacteurs en chef, Freud le directeur de rédaction, et J. F. Bergmann l’éditeur, à Wiesbaden. Deuticke, qui jusqu’alors avait édité Freud, refusa d’assurer la publication du Zentralblatt en prétextant que le concours de Stekel risquait d’enlever à la revue son caractère scientifique.
Été : Freud prend connaissance des « mémoires » du président Schreber ; août : parution du premier demi-tome du Jahrbuch (tome 2, 1er cahier, articles de Abraham, Jung [2 articles], Maeder, Pfister, Assagioli, Neïditch, Freud).
• Octobre : le 21, Société viennoise. Lors de l’assemblée administrative, Adler est élu président et Stekel vice-président, Steiner trésorier, Hitschman bibliothécaire et Rank secrétaire.
• Vacances en Hollande où, malgré son habitude de n’accepter aucun rendez-vous professionnel, Freud répond à un appel du compositeur Gustav Mahler qu’il « psychanalyse » pendant un après-midi de promenade à travers la ville. Puis voyage en Sicile en passant par Paris, Rome et Naples, en compagnie de Ferenczi qui sera pendant de longues années son ami le plus proche et son fidèle compagnon de voyage.
• Angleterre – Parution du livre de Frazer, Totémisme et exogamie, lu attentivement par Freud.
• Amérique latine – Brill introduit la psychanalyse à Cuba. Freud reçoit de la Havane la traduction par le Dr Fernandez d’un essai de lui (Freud à Jung, le 5 juillet). Au congrès international de médecine à Buenos Aeres, un médecin d’origine chilienne (G. Greve Schlegel) se déclare en faveur de l’existence de la sexualité infantile, il expose également les idées de Freud sur la libre association.
• États-Unis – Putnam publie (Journal of Abnormal Psychology) une série d’articles sur la visite de Freud à Worcester. Granville Stanley Hall consacre lui aussi à la visite de Freud et à la psychanalyse le numéro entier d’avril du American Journal of Psychology, qui contiendra les conférences. Freud écrit à Putnam « pour le prier de prendre la direction de la Section américiane » (Freud à Jones, 03.07.10). Jones est élu membre de l’American Neurologic Association. Le 17 mai, Freud à C. G. Jung : « J’ai trouvé ici aujourd’hui une longue lettre de Washington, de Jones, avec des rapports sur les événements excitants dans l’ensemble plein de succès de l’American Psychopathological Association du 2 mai. Putnam semble avoir de nouveau été très brave, et Jones lui-même rattrape ses ambiguïtés des années précédentes par un zèle infatigable, de l’adresse, et, j’aurais presque dit, de l’humilité, cela est très réjouissant. Il tient la fondation d’un groupe local américain pour très difficile pour l’instant ou pour possible formellement seulement, mais ce sont là des soucis de gouvernement, qui vous incombent. »
En mai, Freud devient membre de l’Association américaine de psychologie, fondée le lundi 2 mai et forte de quarante membres. Dans Sur l’histoire du mouvement psychanalytique (1914), Freud notera que « le fait caractéristique, là-bas, a été que, dès le commencement, des professeurs et directeurs d’asile d’aliénés ont pris part à la psychanalyse dans la même mesure que des praticiens indépendants… ». Le 2 mai, l’Association des psychopathologues américains voit le jour à Boston dans l’optique de réunir des médecins et des psychologues intéressés par la psychologie « anormale ». Prince y développe son admiration pour Freud.
Hongrie – Parution du premier ouvrage en langue hongroise concernant la psychanalyse.
• Italie – R. Assagioli, qui a rencontré Jones en 1908 et a suivi à Zurich l’enseignement de Jung, soutient la première thèse sur la psychanalyse. Il n’accepte pas complètement la théorie de la sexualité, reprochant à Freud de ne pas accorder suffisamment d’importance aux instincts non sexuels.
• Russie – Ossipov, fondateur de la terminologie psychanalytique russe, rend visite à Freud. En Russie, il fonde la Bibliothèque psychothérapeutique.
• Suisse – À Zurich, Bleuler publie sa défense de la psychanalyse, La Psychanalyse de Freud, qui ne donne pas satisfaction à Freud. L’Association psychanalytique zurichoise est fondée en 1910, elle est issue de la Gesellschaft… fondée en 1907. Apparemment, les membres fondateurs de cette association ne souhaitaient pas tous rejoindre les rangs de l’Association psychanalytique internationale. Selon un rapport de Jung à Freud (17 juin), Binswanger déclarait « n’accepter la présidence que si toutes les séances étaient communes avec les non-membres ». Freud jugeait cette situation « tout à fait intenable » (lettre à Jung du 19 juin). Jung à Freud, le 10 mai : « Je ne pouvais réellement rien faire contre cette décision. Mon autorité n’y a pas suffi. À part Rilkin, tous les autres, Bleuler et environ neuf membres, voulaient faire entériner la décision suivante : pour la période de transition, des conditions spéciales devaient être créées. En même temps s’exprimait l’espoir que ces messieurs allaient réfléchir et accepter. » La nouvelle association compte dix-neuf membres à ses débuts.

 

1911 
• Février : Début de la séparation d’avec Adler.
Les opinions de ce denier ont été discutées par l'Association viennoise les 8 et 22 février, après qu’il y eut prononcé des discours le 4 janvier et le 1er février. Après la session du 22 février se tint une séance du Comité au cours de laquelle Adler démissionna de son rôle d’arbitre pour « incompatibilité de sa position scientifique avec son statut dans l’Association ». Stekel, représentant du médiateur, ainsi que d’autres démissionnèrent par solidarité avec Adler. 
• De mars à juin : Freud se débarrasse d’Adler. Freud est président du groupe de Vienne. Il écrit à Jung : « Derrière la rigueur apparente d’Adler est apparu en réalité un grand morceau de confusion. Qu’un psychanalyste puisse insister tellement sur le moi, je ne m’y serais pas attendu. Le moi ne joue-t-il pas le rôle du stupide Auguste au cirque, qui met son grain de sel partout pour que les spectateurs croient que c’est lui qui dirige tout ce qui se passe ? » Quand Adler quitte l’association, s’en vont aussi D. Bach, S. Von Maday et le baron F. Von Hye. Le nom d’Adler n’apparaît plus dans le numéro suivant du Zentralblatt (vol i, nos 10-11, juillet-août 1911). Le numéro est introduit par la « déclaration » suivante : « Par la présente, je porte à la connaissance des lecteurs de cette revue que je me retire aujourd’hui de la rédaction de cette revue. Le directeur de cette revue, Mr le Pr Freud, a été d’avis qu’il y a entre lui et moi des oppositions scientifiques telles qu’elles rendent inopérantes une rédaction commune de cette revue. Aussi ai-je pris la décision de me retirer de mon plein gré de la rédaction de cette revue. » À partir de ce moment, le Dr Stekel reste le seul rédacteur en chef. Fusion du Korrespondenzblatt et du Zentralblatt (le dernier absorbe le premier et est élevé au rôle d’organe officiel de l’internationale psychanalytique). 
Suicide d’Honneger. Freud à Jung, le 2 mars : « Je suis frappé de ce qu’en fait nous consommons beaucoup de personnes. »
• Septembre, les 21 et 22 : iiie Congrès de l’Ipa à Weimar (président : C. G. Jung). L’Ipa compte cent six membres. J. Putnam assiste à cette rencontre. 
Novembre : Mise en place de la nouvelle revue psychanalytique non médicale qui, en 1912, s’intitulera Imago : « Cette année, écrit Freud, n’a pas été, quand j’y réfléchis, excellente dans l’ensemble et pour notre cause. Le congrès de Weimar était beau, et les jours auparavant à Zurich ; j’ai eu à Klobenstein une courte période de productivité très riche de contenu. Le reste était plutôt moindre. Mais il doit y avoir de telles périodes. »
• États-Unis – Le 9 mai, veille des congrès annuels de l’Association de psychopathologie américaine et de l’Association de neurologie américaine. E. Jones et J. J. Putnam fondent l’American Psychoanalytic Association (APA) à Baltimore, association qui comprend des membres venus du Canada et de toute l’Amérique (président : J. J. Putnam, secrétaire : E. Jones). 
Peu avant, le 12 février, Brill forme le premier groupe local américain sous le nom de The New York Psychoanalytic Association. Il refusa que cette association puisse admettre des membres non médecins contre l’avis de Freud. Cette société est statutairement conçue pour ne réunir que « cinquante médecins engagés en psychanalyse ». Bronislav Onuf, neurologue new-yorkais, qui, depuis 1890, suivait les publications de Freud, en est le vice-président. Dix des quinze fondateurs travaillent ou ont travaillé à l’hôpital d’État de Manhattan. La société de New York décide de ne pas s’affilier à l’Apa et désigne Brill pour la représenter à Weimar, ledit congrès accepta le principe de la double affiliation. Putnam met en place un poste de psychanalyste pour Emerson au Massachussets General Hospital. Séjournant à Vienne avant de se rendre à Weimar pour le iiie Congrès international de psychanalyse, il passe six heures en analyse avec Freud. Putnam témoignera, en 1913, et reconnaîtra que « l’investigation psychanalytique… l’a énormément aidé, eu égard à la fois à ses sentiments envers sa fille et à sa tendance à la dépression, sans parler de son attitude générale envers la vie ».
Parution du premier livre américain sur la psychanalyse Mental Mechanism, écrit par W. A. White.
• France – Binet, dans son bilan annuel de la psychologie pour l’année 1910, place les recherches en psychanalyse parmi les quatre questions les plus décisives pour la psychologie dans son ensemble.
• Inde et Australie – Le 12 mars, Freud à S. Ferenczi : « Dimanche dernier, j’ai eu la visite de notre adhérent en position avancée, Sutherland, de Sagar, en Inde, qui est un homme magnifique ; il traduit L’Interprétation des rêves […]. Il est soutenu par un plus jeune, Berkeley-Hill, qui fait de la psychanalyse avec les Hindous et trouve auprès d’eux confirmation de tout et il veut publier là-dessus. Il y a deux jours, un autre continent s’est annoncé : l’Australie. Le secrétaire du département de neurologie du Congrès australo-asiatique s’abonne au Jahrbuch et me demande un bref rapport sur mes théories, à paraître dans les publications du Congrès, car ces théories sont encore complètement inconnues en Australie. D’Afrique, encore aucun signe de vie ! » La présentation de Freud paraît dans Transactions of the Ninth Session, Australian Medical Congress, à Sidney sous le titre « On Psycho-Analysis ».
Berkeley-Hill (1879-1944) est médecin major au Bengale, puis à Bombay ; tout comme Sutherland, il adhère d’abord à l’Association américaine, pour être ensuite un membre fondateur de celle de Londres. Il fut analysé par Jones.
W. D. Sutherland (1866-1920) est médecin d’état-major dans une académie de cavalerie à Sanghor. Andrew Davidson (1869-1938), né en Écosse, est psychiatre à Sydney ; il est secrétaire de la section de médecine psychologique et de neurologie du congrès médical australo-asiatique.
• Allemagne – Deux congrès psychanalytiques se tiennent, l’un à Munich le 7 septembre, l’autre à Weimar (iiie Congrès international de psychanalyse), quatre jours après.
• Espagne – José Ortega Y. Gasset publie un long texte, « La psychanalyse, une science problématique ». L’auteur est un philosophe important, pour certains un des précurseurs de l’existentialisme, qui s’est également formé en Allemagne. Il sera l’auteur de La Révolte des masses (1929). Par le biais de la Revisita da Occidente, il tentait d’exposer et de défendre les principaux courants de la pensée scientifique et philosophique de langue allemande.
• France – En mai, Freud cherche comment faire mieux connaître la psychanalyse. Dès 1900, des travaux d’auteurs de la Suisse romande ou de France discutent des textes de Freud, mais trop souvent dans le but de les adapter au « génie francophone » (sic) ou de les rendre « plus clairs » (sic), en abrasant leur originalité avec des rémanences du vocabulaire de l’hypnose (P. Ladame, 1900 ; Morichau-Beauchant, 1911 : « Le rapport affectif dans la cure de psychonévroses », dans La Gazette des hôpitaux civils et militaires que Freud qualifia d’« admirable article » et qui fut également fort estimé par E. Jones ; N. Kostyleff, 1911-1912 ; A. Hesnard, 1912 ; Y. Delage, 1915).
• Grande-Bretagne – Freud est convié à devenir membre correspondant de la London Society for Psychical Research.
Parution dans un volume de la revue de neurologie, Brain, d’un essai que Jones qualifie de « magistral », « La conception freudienne de l’hystérie », dû à Bernard Hart et fort louangeur pour la psychanalyse, auquel fit suite une bibliographie incluant deux cent quatre-vingt-un titres d’ouvrages de psychanalyse.
l Pays-Bas – Le Dr Stärcke, près d’Utrecht, demande son admission à l’Association. Le Dr Van Emden, de Leyde, a appris la psychanalyse sur lui-même et écrit à Freud qu’il a l’intention de l’appliquer sur ses malades.
1912
• Janvier : Rank fonde, en collaboration avec Hans Sachs, Imago (Zeitschrift für Anwendung der Psychoanalyse auf die Geisteswissenschaften, Revue pour l’application de la psychanalyse aux sciences de l’esprit). Parution du numéro 1 le 28 mars chez l’éditeur viennois Hugo Heller. Rank est rédacteur en chef d’Imago. « Hans Sachs a créé en 1912 la revue Imago, qu’il dirige avec Rank ; en éclairant, au moyen de la psychanalyse, des systèmes et des personnalités philosophiques, Hitschmann et Von Witerstein ont inauguré, dans cette même revue, des travaux dont il reste à souhaiter qu’ils soient poursuivis et approfondis. » (Sur l’histoire du mouvement psychanalytique.) Imago se proposait de se spécialiser, comme le proclamait son en-tête, dans l’application de la psychanalyse aux sciences humaines. À l’origine, « cette nouvelle revue, nullement médicale » devait s’appeler Eros et Psyché. Le nom qu’adoptèrent ses fondateurs en hommage à la littérature renvoie explicitement au roman récent du poète suisse Carl Spitteler qui avait célébré le pouvoir de l’inconscient dans une brumeuse histoire d’amour. Freud est d’abord inquiet pour Imago qui, malgré les deux rédacteurs (Rank et Sachs, tous deux non-médecins « honnêtes garçons et brillants sujets »), risquait de connaître plus de difficultés que les deux autres périodiques. Mais les craintes sont vite détrompées. Imago, rapporte Freud à la fin de l’année 1912, « marche extraordinairement bien » ; le volume des abonnements (deux cent trente), allemands, en majeure part, est satisfaisant, et Freud s’étonne de l’accueil plus réservé que les Viennois font à Imago (lettre inédite à K. Abraham).
• Mai : Freud présente à la Société de Vienne la première partie de Totem et Tabou et, en octobre, un travail intitulé « Le destin de deux femmes » qui a trait à la psychose.
• Juin : E. Jones était à Vienne. Sous l’impression de la sécession d’Adler et de Stekel, il craignait une rupture avec Jung. Le 30, avec l’accord de Freud et autour de celui-ci, il fonde un comité secret composé des plus proches disciples et chargé de veiller à la diffusion de la cause analytique. L’idée avait germé chez O. Rank. S’y retrouvent S. Ferenczi, O. Rank, K. Abraham, H. Sachs et, bien sûr, E. Jones et S. Freud. E. Jones fait une psychanalyse avec Freud puis avec S. Ferenczi. En 1919, Eitingon fut admis comme sixième membre, sur proposition de Freud (1er août, lettre de Freud à E. Jones : « J’ose dire qu’il me sera plus facile de vivre et de mourir si je savais qu’il existait une telle association pour veiller à ma création… quoi que puisse nous réserver l’avenir, le futur chef de file du mouvement psychanalytique pourrait sortir de ce petit cercle d’hommes triés sur le volet, à qui je suis encore prêt à faire confiance malgré mes récentes déceptions. »
• Été : Freud lit La Religion des Sémites de Roberton Smith et y trouve confirmation de ses idées qu’il inclinait à trouver trop osées. « Le livre donne l’impression de circuler sur de l’eau en gondole. »
• Publications : Au début de cette année 1912, Freud et Stekel ont eu une explication. Pour se défendre contre les thèses de C. G. Jung, S. Freud voulait instaurer pour le Zentralblatt un « comité de référence » (Reitler, Hitschmann, Tausk, Ferenczi). Ils devaient en particulier discuter des travaux du Jahrbuch dans l’esprit de Freud. Mais Stekel déclara qu’il n’admettrait jamais que V. Tausk écrive dans son journal de novembre (lettre du 27 octobre à Ferenczi). L’éditeur Bergman n’admettant pas le licenciement de Stekel comme rédacteur, Freud, lors du congrès des dirigeants des associations psychanalytiques locales, à Munich, convint d’abandonner le Zentralblatt à Stekel et de fonder l’International Zeitschrift für arztliche Psychoanalyse. Offizielles Organ den Internationalen Psychoanalytischen Vereinigung (éd. H. Heller). Il écrit à Jones pour l’enjoindre de retirer son nom du comité du périodique de Stekel. O. Rank avec S. Ferenczi sont rédacteurs de l’International Zeitschrift. À partir de 1939, la revue fusionnera avec Imago. Le numéro 1 est prévu pour la mi-janvier 1913. Stekel manifeste de fortes propensions à faire du Zentralblatt sa chasse gardée. Rupture virulente et effervescente avec Freud. 
Novembre : « Le Congrès a officiellement fait du Zentralblatt son organe. » (Lettre de Jones à Freud du 6 novembre.)
• Décembre : Le 2, un accord provisoire a eu lieu entre l’éditeur J. F. Bergmann et C. G. Jung concernant la séparation du Korrespondenzblatt et du Zentralblatt
Franz Kafka compose Le Verdict et, dans son Journal, cite Freud et associe sur sa propre vie et sur celle de son père.
Sabrina Spielren publie l’article qu’elle a présenté l’année précédente à Freud « La destruction comme cause du devenir », de nombreux commentateurs y voient une préforme de la théorie de la pulsion de mort.
France – Le 2 janvier 1912, dans une lettre de K. Abraham à S. Freud : « Les derniers bons augures viennent, cela est étonnant, de France. Avec Morichau-Beauchant, de Poitiers, nous avons gagné un appui solide et, aujourd’hui, j’ai reçu une lettre d’un élève de Régis, à Bordeaux, qui, de la part de ce dernier, et au nom de la psychiatrie française, présente des excuses pour le dédain dans lequel la psychanalyse a été tenue jusqu’à présent en France et se déclare prêt à publier dans L’Encéphale un long article sur elle. »
Grèce – La psychanalyse y fait son entrée par la traduction dans une revue littéraire d’avant-garde de l’article de Reik, « Poésie et psychanalyse ». 
• Japon – Kenji Otsuki, qui a suivi des études de lettres avant de s’intéresser à la psychanalyse, mentionne Freud dans un article portant sur la psychologie de l’oubli.
Russie – À la charnière 1911-1912, création du Cercle psychanalytique de Moscou.
• Suisse – Bleuler quitte définitivement l’API, en novembre 1912. ■ (À suivre.)

 

Diffusion de la psychanalyse dans le monde, du temps de la vie de Freud
1er volet : 1886-1909 – Le Journal des psychologues, 238 : 8-11.

 

Pour citer cet article

Douville Olivier  ‘‘Diffusion de la psychanalyse dans le monde, du temps de la vie de Freud‘‘
URL de cet article : https://www.jdpsychologues.fr/article/diffusion-de-la-psychanalyse-dans-le-monde-du-temps-de-la-vie-de-freud

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