Dans la rubrique : Article
Il y a des moments où l’on n’y croit plus, rien ne se présente à l’horizon, on lâche, on se tourne vers d’autres possibilités, et puis un souvenir remonte, on y retourne, et on finit par choisir en replay un spectacle d’une artiste comique que l’on ne connaît pas, ou pas bien. Et on tombe sur Blanche. Sorte d’antithèse de Blanche-Neige, Blanche Gardin, que l’on surnomme « la reine de l’humour noir », a une méthode bien à elle ; elle séduit, emprunte des détours, on croit s’y perdre, décrocher, et c’est là qu’elle assène une saillie drolatique aussi tranchante qu’acerbe qui n’a rien à envier aux joutes oratoires des querelles verbales de la cour de Louis xiv, narrée par Patrice Leconte. Après avoir bien fait rire, son spectacle se termine d’ailleurs par sa sortie de la salle de spectacle, où elle tente d’aller boire un verre avec quelqu’un, y compris un fan qui finit lui aussi par refuser ; lasse, elle erre un moment avant de se glisser sous la couverture d’un sans domicile fixe qui, se réveillant, la repousse en la maltraitant, la précipitant dans un abîme de solitude. Écoutons-la dans un entretien donné à Télérama : « Par contre, je ressens très fortement la solitude des gens. Je ne me sens jamais aussi seule que dans un wagon de métro à l’heure de pointe, quand tout le monde a la tête dans son smartphone. »