Le WISC se met en IV

Résumé

La mode est aux évaluations précoces et aux prédictions. Ce dossier n’a pas la prétention de remettre en question la validité du test, mais souhaite, à travers des contributions d’auteurs qui ont une expérience certaine de cet outil, partager les interrogations qu’il soulève et donner un éclairage sur les changements, aussi bien structurels (abandon des QI pour des scores factoriels) que dans les subtests, mais aussi quant à la dimension clinique de la passation.

Introduction du dossier

La mode est aux évaluations précoces et aux prédictions. Ce dossier n’a pas la prétention de remettre en question la validité du test, mais souhaite, à travers des contributions d’auteurs qui ont une expérience certaine de cet outil, partager les interrogations qu’il soulève et donner un éclairage sur les changements, aussi bien structurels (abandon des QI pour des scores factoriels) que dans les subtests, mais aussi quant à la dimension clinique de la passation.
La résistance au changement est – et les psychologues n’y échappent pas – un mécanisme on ne peut plus répandu. Le passage du WISC-R au WISC-III avait eu lieu sans susciter de vives réactions. Loin s’en faut pour celui du WISC-III au WISC-IV qui est apparu comme une transformation, voire une trahison, des anciennes échelles imaginées par Daniel Wechsler lui-même.
C’est un véritable renversement (au sens révolutionnaire du terme) auquel on assiste dans la nouvelle version. Attribuée à l’influence grandissante de la neuropsychologie, la modification profonde réveille – si jamais ils s’étaient assoupis –, chez les praticiens de l’examen psychologique, des conflits entre les partisans de l’approche psychométrique et ceux de l’évaluation psychodynamique du fonctionnement psychique de l’enfant.
L’approche clinique apparaît, au demeurant et en raison de la modification des épreuves (arrangement d’images et assemblage d’objet qui sont supprimés, par exemple), sensiblement amputée. Cette nouvelle version du test de Wechsler, qui en conserve le patronyme, est bien éloignée, à cause de la suppression de certains subtests qui permettaient la manipulation du matériel, entre autres, et de la conception de l’intelligence générale qui sous-tendait la façon de la mesurer. Les abus d’utilisation des données chiffrées du qi sont, bien sûr, répréhensibles, mais on peut se demander, tout en constatant la pertinence d’une évolution qui, à bien y regarder, s’est faite progressivement depuis le premier Wisc, pourquoi « les héritiers » ont jugé bon de réduire la dimension praxique et temporo-spatiale de la passation.
À l’heure où le virtuel envahit bon nombre de champs de la vie quotidienne, le WISC-IV perd lui aussi de sa « consistance » et limite, par conséquent, la possibilité d’observer la démarche de l’enfant.
Il est fort probable que les praticiens, une fois fait le deuil de l’ancienne forme du test, trouveront à mettre en œuvre une nouvelle approche clinique et interprétative des résultats, et ce dossier vise à leur ouvrir de nouvelles perspectives.

Les articles du dossier

Un nouvel outil : une réminiscence de la crise de la psychologie ?

L’irruption du WISC-IV dans le paysage de la psychométrie française adaptée aux enfants et aux adolescents semble avoir semé le trouble chez un grand nombre de cliniciens. L’évolution de ce test, dans la mesure où il apporte des différences, permet de réfléchir sur l’exercice du psychologue et sa réponse aux demandes adressées. (Lire la suite)

Les indices du WISC-IV et leur interprétation

Les nouvelles échelles de Wechsler nous conduisent à abandonner un modèle de mesure de l’intelligence en deux échelles au profit d’un autre basé sur quatre indices. Jacques Grégoire, responsable de l’adaptation française de cette nouvelle version, présente par le détail des hypothèses d’interprétation et les perspectives offertes par cette nouvelle organisation. (Lire la suite)

Évolution psycho­métrique, théorique et clinique

L’objectif de cet article est de présenter l’évolution théorique et psychométrique du WISC-IV relativement à ses prédécesseurs, ainsi que les questions qui émergent de ces changements. Quelques résultats contribueront à mieux comprendre son fonctionnement. Des exemples de mise en perspective des subtests du WISC-IV permettront également de montrer que l’approche clinique est toujours possible, et ce, malgré les changements profonds. (Lire la suite)

La clinique du WISC-IV : des chiffres ou des lettres ?

Forte de sa pratique de psychologue auprès d’enfants dyspraxiques et-ou à haut potentiel, Catherine Weismann-Arcache nous éclaire sur les disparités entre le WISC-III et le WISC-IV, ainsi que sur les conséquences que ces modifications induisent sur ce type de population. Elle nous invite à approfondir et compléter cette nouvelle version au moyen d’autres outils, afin de redonner une consistance clinique à ce test qui semble avoir glissé vers des tendances purement diagnostiques. (Lire la suite)

Capacités concrètes, facteurs non intellectifs et observation clinique du WISC-III au WISC-IV

La disparition dans le WISC-IV de deux subtests de l’échelle Performance amène l’auteur à s’interroger sur la place laissée à l’observation clinique dans cette nouvelle version. Il n’écarte pas le risque pour la profession d’être réduite à un rôle psychotechnique. (Lire la suite)

Études de cas cliniques à partir du WISC-IV : intérêt et limites

Les deux auteurs ont choisi de présenter quatre cas d’enfants et d’adolescents rencontrés lors d’un examen psychologique comprenant la passation du Wisc-iv. En se centrant sur la dimension clinique de la passation, elles proposent une comparaison de leurs résultats avec ceux qu’elles avaient l’habitude d’observer à partir de situations similaires avec le WISC-III. (Lire la suite)

Bibliographie du dossier

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