Cinéma

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Un patient adulte parle sur le divan ; évoquant son enfance, il fait un lapsus en parlant de sa mère : au lieu de dire « ma mère et son mari », formule impliquant déjà une mise à distance de son père, il dit « ma mère et mon mari ».

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J’avais vu leur film précédent, Kumiko, The Treasure Hunter, qui m’avait plu et perturbé. Le scénario, semble-t-il, offrait des images à une légende urbaine : une jeune femme japonaise entreprit le voyage à Minnesota depuis Tokyo, à la recherche du butin caché sous la neige par Steve Buscemi dans Fargo, le film culte des frères Coen. C’était le scénario qui m’avait amené à regarder le film. Kumiko, assise devant son magnétoscope, regarde Fargo, fascinée, elle repasse la cassette plusieurs fois, prend des notes, crée sa propre carte et laisse Tokyo derrière elle, la ville où elle est perdue : perdue avec les collègues, avec son patron, avec sa mère qu’elle appelle régulièrement, en quête d’un contact qu’elle n’aura jamais. Son seul ami est son lapin Bunzo et, son destin, trouver le trésor perdu. « Je suis comme le Conquistador espagnol » dira-t-elle au gardien qui l’avait capturée alors qu’elle volait la carte de Minnesota pour approfondir ses recherches, son Eldorado ayant pris la forme d’une valise, pleine de billets, sous la neige.

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En 1971, dans une interview qu’il donnait à Pierre Berton sur les arts martiaux et sa philosophie de vie, Bruce Lee disait qu’il fallait vider son esprit, être informe, comme l’eau. Si l’on verse de l’eau dans un verre, elle devient le verre ; si l’on verse de l’eau dans une bouteille, elle devient la bouteille… Et il concluait en lançant un : « Be water my friend », « Sois de l’eau, mon ami… » Je sors de voir La Forme de l’eau (The Shape of Water) de Guillermo del Toro (j’avais écrit « je sors du film », en fait, c’était plus juste…) et je me dis que del Toro joue avec la citation de Bruce Lee, la forme de l’eau étant ici la forme de l’amour, et l’eau venant modeler une rencontre que l’on aurait pu penser improbable et qui apparaît pourtant sous le sceau de l’évidence.

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Un jour, des parents viennent consulter pour leur enfant de huit ans ; l’un des parents a créé une start-up pour inventer un robot voiturier ; « il gardera aussi les clés », me précise-t-il avec un petit sourire. L’enfant, aux yeux cernés sur un visage trop blanc, a sauté une classe, il aurait pu probablement en sauter une autre, et je pense à ce phénomène à la mode, tous ces parents qui imaginent, souvent à tort, que leur enfant est doté de qualités spéciales, qu’il est surdoué. À la fin de la séance, une rêverie affleure : ces enfants en avance, ces bébés trop savants chers à Ferenczi, seraient-il le signal d’une évolution à venir, un futur peuplé d’enfants marchant à six mois et lisant à un an ? L’enfant deviendrait bien plus intelligent que ses parents, au péril d’une hypercompréhension souffrante et au profit d’un retournement ­générationnel.

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Sigmund Freud confia dans une lettre à Paul Federn, en 1924 : « Vous n’ignorez pas à quel point la quantité aussi importe en matière de sentiments ; une analyse qualitative à elle seule ne mène nulle part. »

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« Le passé n’est jamais mort. Il n’est même pas passé », disait le grand William Faulkner, freudien. Cette citation est venue m’accompagner, lorsque j’essayais de rassembler mes idées, et moi-même par la même occasion, après avoir vu The Witch, premier long métrage de Robert Eggers, cinéaste américain.

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Dépasser sa modeste condition de mortel est un fantasme aussi vieux que l’être humain ; à sa façon, le personnage désormais connu d’Iron Man contribue à nourrir ce fantasme. La vie des superhéros peut être lue comme une saga mythologique, donnant lieu à des versions ou des interprétations plurielles de l’histoire. Le facteur accidentel, si présent dans la théorie freudienne, est central dans les scenarii d’origine des superhéros ; Iron Man n’y échappe pas, à la façon d’un homme pris dans les incidences décisives et parfois traumatiques de la vie.

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Il y a cette phrase inoubliable extraite de la lettre qu’André Breton adresse à sa fille : « Je vous souhaite d’être follement aimée » ; ou bien Paroles pour Julia, le poème de Juan Agustín Goytisolo adressé à sa fille Julia qui porte le même prénom que la mère du poète : « Tu ne peux pas revenir en arrière / parce que la vie elle te pousse / comme un hurlement interminable / interminable *. » Il va falloir désormais que l’on ajoute à notre liste des relations filiales celle entre Cooper et sa fille Murph, une des portes d’entrée du dernier film de Cristopher Nolan, Interstellar.

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Certains films nous offrent parfois des mondes où l’on aimerait vivre : « J’aimerais vivre dans un fi lm de Godard, ou de Chaplin, ou dans La Dolce Vita. » L’identification ici fait un tour sur elle-même. Généralement, il peut nous arriver de prendre quelques traits de quelqu’un pour les amener avec nous ; on vient de voir un film d’espions et, en sortant de la séance, on regarde autour de soi avec suspicion, ou bien cette jeune femme qui sort du cinéma et serre son écharpe dans un geste somme toute innocent, sauf qu’elle vient de voir un film de Dracula… On prend donc quelques traits et on part avec cette charge inattendue, mais, lorsqu’on a envie de vivre dans un film, ce sont ces traits qui nous prennent pour nous amener avec eux ! Le mouvement inverse est celui proposé par Tom Baxter – le personnage de La Rose pourpre du Caire, de Woody Allen – lorsqu’il sort de l’écran et vient vers nous…

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Aux dernières nouvelles, le « DSM-combien déjà ? » serait jugé trop cool, pas assez biologique et donc scientifique par le prestigieux National Institute of Mental Health. Alors, heureusement, pour passer l’été plus légèrement, il y a Julie. Julie Delpy et son cinéma foutraque et si typiquement frenchy, fondé sur une tentative de vivre dans le chaos, qu’il relève de la vie quotidienne d’une famille recomposée ou de la mise en image de l’intime, littéralement mis à nu.

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