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Il est une valeur universelle que les anthropologues ont posée comme élément incontournable pour penser les structurations de toute société : la prohibition de l’inceste et son pendant, le complexe d’Œdipe. Et il n’y a pas d’inceste sans corps ! Ce sont donc ici sur les fondements anthropologiques de la notion de corps, sur ce « corps » en crise et les institutions de la parenté…, que nous sommes invités à réfléchir. Une réflexion au croisement de l’anthropologie et de la psychanalyse.
Les représentations sociales relatives au corps ont considérablement évolué au cours du XXe siècle et en ce début de XXIe siècle. Après une période de transition, elles ont été marquées par des tendances au dévoilement total du corps, lui-même plutôt déconnecté de la dimension psychologique ou historique du sujet. Et le cinéma, le théâtre, la littérature… ont reflété de manière plus ou moins directe et explicite les avatars de la relation du sujet avec son corps ainsi que ceux des rapports corps-psychisme.
Si un espace de parole n’est pas offert pour que les mots fassent leur office, pour que le réconfort et le chagrin s’y installent, que les rites s’y déploient, alors le « refoulé », la « mauvaise intégration » du mort et autres « ratés des funérailles » apparaissent. Si le corps‑mort trouvait auparavant sa place dans la mémoire des survivants, désormais, faute d’aménagement par la parole partagée, faute de gestion dans la psychologie des profondeurs, il devient gênant et même en trop. D’où un corps de plus en plus « arrangé », « escamoté »…
À travers leur ouvrage Le Nouveau Choc des générations, Marie-France Castarède
et Samuel Dock proposent un dialogue entre une senior et un jeune adulte.
À l’appui de leurs approches subjectives et d’apports théoriques empreints
de psychosociologie et d’une culture psychanalytique, les auteurs expliquent
la confrontation qui se joue dans la société postmoderne.
Comment vivre son adolescence, cette période d’entre-deux, généralement
décrite comme une crise, un moment ou encore un passage vers l’âge adulte,
dans la tentative de se délester de l’infantile qui constitue néanmoins chaque sujet dans son évolution ?
Face aux conceptions religieuses, philosophiques et médicales du lien entre corps et psyché, la psychanalyse apporte un nouveau regard à la compréhension de l'autisme et des psychoses infantiles en soulignant l'appartenance psychique du corps.
Éliane Allouch nous montre que l'autisme révèle une insuffisance, voire une impossibilité du lien entre corps et psyché, tandis que les psychoses infantiles le distordent. En mettant l'accent sur ces premiers liens, elle présente aussi la façon dont le clivage est à l'œuvre dans les addictions, les somatisations, les états-limites et les névroses obsessionnelles.
Mais la déchirure précoce de ces liens, si elle dévoile un rejet du féminin, ouvre également des possibilités de création artistique, tels Les Chants de Maldoror de Lautréamont analysés avec pertinence par l'auteur.
La souffrance, de par sa fréquence et la diversité des événements subjectifs qui la mettent en jeu, s'impose de nos jours comme objet de réflexion et de recherche : elle vient conjoindre en une expérience intime toute l'actualité du rapport entre corps, psyché et lien social.
Là où certains voudraient réduire douleurs, affects et phénomènes de corps à l'organicité, au neurologique, voire à quelque défaut éducatif ou trouble relevant de la santé mentale, ne faudrait-il pas considérer le symptôme douloureux comme une réponse à un impossible à dire ou à supporter ? Là où d'aucuns tentent de normaliser le comportement humain, ne conviendrait-il pas d'aborder toute expression de souffrance à partir de sa fonction dans l'économie psychique, afin d'en déduire des modes de traitement ajustés à la logique subjective ?
Cet ouvrage, qui vise à faire le point sur le statut de la souffrance et du corps douloureux, comme sur les impasses du sujet et de la civilisation elle-même, laisse une large place à la présentation de cas et aux situations cliniques.